Raoul Petite : « Ni vieux, ni maître! »

Quarante ans d’âge farouche et pas une rayure ! Raoul Petite souffle ses bougies et met le feu au Moulin de Brainans ce samedi 16 novembre. Tu connais pas Raoul ? Petite interro avec Carton, le manitou fou de la tribu.
Carton dans son élément vital : le public/Photo Fred Fouché

Quarante ans non stop

Raoul Petite fête ses quarante ans cette année. Ce qui en ferait le doyen des groupes français en activité selon la biographie officielle. Pas tout à fait. Magma et Ange ont débuté en 69. « Oui, mais nous, on n’a jamais arrêté !» objecte Carton.

Croq’n’roll

Chaque semaine, Eric « Chattos » Martelat croque l’actu du rock’n’roll

Carton

Christian Picard pour les impôts. « Robin des Bois du pays aptois, moitié chanteur, moitié maçon » comme il se qualifie. Son surnom vient de Pauline Carton (1884-1974), actrice et chanteuse, célèbre pour avoir loué les bienfaits de l’amour sous l’évier et les palétuviers. « J’avais une copine que j’appelais Pauline. Elle me répondait « Carton !»

Raoul Petite

« A l’époque, on écoutait beaucoup Zappa. Dans « 200 Motels », il parle de « road fatigue ». Nous, on a compris Raoul Petite ! Comme on se cherchait un nom, on a choisi celui-là ».

Raoul 2019

RP recense une cinquantaine de musiciens en quatre décennies. Ils sont actuellement dix sur scène entre chants et chœurs, guitares, basse, batterie, cuivres et claviers. Des Raoul historiques, restent Carton, Markus Ceccaldi (guitare) et Alain Nicolas (claviers). Mais la plupart y sont depuis plus de dix ans. Tous gravitent plus ou moins autour de l’épicentre du Lubéron. D’où la cohésion de cette véritable tribu.

Style

Tous les styles de préférence.  Du gros groove qui tache au chant tyrolien en passant par le funk, le punk, le rock’n’roll, le reggae, la salsa, le hip-hop, la country, le métal, la bluette lounge ou le jazz complètement frit, aucune musique n’échappe au shaker des Raoul. « Sur le prochain album, il y aura même une valse !»

Le noble art de la dérision

Fil rouge : la dérision considérée comme un noble art assortie d’un (non) sens de l’absurde et du kitch le plus ultra. Maximes cartonesques : « Ce qui a de l’importance, c’est d’avoir de l’élégance ».  « Être sérieux, sans jamais se prendre au sérieux » ou encore « Soyons légers », tiré d’un récent cinq-titres qui figurera sur le prochain album.

Ni vieux, ni maître

A paraître en avril 2020, le huitième album studio résume quarante ans de Raoul. Jeu de mots magnifique en forme de doigt d’honneur (Dans ton Kulte) au temps qui passe, de truculence anar et d’énergies incontrôlables.

Chauds freak shows

La discographie somme toute platounette ne donne qu’une vague idée de la puissance atomique des Raoul en scène. Le chaud freak show mêle cabaret burlesque, pyrotechnie et fête à neuneu. Spectacle total extravagant, assuré par un groupe de killers, dans la veine des grandes revues à l’Américaine. Le public adore. « Ça me semble beaucoup, mais on aurait donné plus de mille concerts !» Tous complets ou presque. Charivari indescriptible.

L’Attraction

/Photo Fred Fouché

Même s’il met toujours le collectif en avant, Carton est l’Attraction. Il serait vain de dresser la liste de ses innombrables avatars. On l’a vu entrer sur scène en patins à roulettes, peignoir rose sur corps d’athlète et diadème de chef indien sur la tête, tracté par un boxer qu’il faisait avancer avec des ballons accrochés sur une canne à pêche ! Molosse à petit kiki avec chaînes et cagoule, crawleur de foule en bonnet de bain, Mister Z strip-teaseur avec cape à étoiles et chapeau parapluie d’où jaillissent des paillettes en gerbe… Chaque soir, Carton se réinvente et repousse les frontières de la performance.

/Photo Gilles Marmonier

Mais comment fait-il ?

Mine de rien, Carton a fêté ses 70 ans en août dernier. Entraînement intensif ? Ascétisme ? Élixir de jouvence ? Manipulation génétique ? « Non, non, rien de tout cela, répond cette énigme biologique quand on lui demande le secret de sa longévité. J’ai du bol. J’habite à la campagne. Je coupe du bois, je monte un mur en pierres sèches de temps en temps. La scène me permet juste d’écouter de la musique plus fort que dans mon hameau !»

Plus encore, la réponse tient dans sa capacité de renouvellement perpétuel. « Les musiciens amènent de nouvelles compos, de nouvelles idées. On joue. On est toujours en mouvement. Rien ne s’arrête ».

Tu connais pas Raoul ?

Ce fils modeste des âges farouches reconnaît que sa tribu a créé un truc unique. « Oui, c’est assez spécial. Un jour, j’aimerais bien voir un concert des Raoul Petite !»

Raoul Petite + Troc. Samedi 16 novembre, 20h30, Moulin de Brainans. 17/15 €. Réservations plus que conseillées. Reste une poignée de billets disponibles. www.moulindebrainans.com.

Dark Mazy

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