2019 : Les dix meilleurs albums de Rockenblog

2019, qu’est-ce qu’il en reste ? En toute subjectivité et parfaite mauvaise foi, voici notre best ouf des dix plus beaux alboums rock, folk, pop et chanson de l’année écoulée. Sélection arbitraire mais crédible en forme de compte à rebours.

10. Peaky Blinders. Original music from the TV series (Mercury/Universal)

Tommy Shelby et sa famille, Grace et le major Campbell, les bookmakers et le gang des casquettes aux lames de rasoir…  Peaky Blinders, la série, est scotchante. La bande originale, miroBOlante. Au lieu de coller à l’époque – l’Angleterre des années 20 – le réalisateur a eu l’idée géniale de l’ambiancer avec le meilleur du rock indé d’hier et d’aujourd’hui.

Red Right Hand de Nick Cave ouvre somptueusement chaque épisode. Après, que du beau linge : PJ Harvey, White Stripes, Queens of the Stone Age, Bowie bien sûr, Black Sabbath, Joy Division, Radiohead pour citer les cadors, Anna Calvi, Savages, Foals ou Idles pour quelques-uns des francs-tireurs. Aussi implacable que les terrifiants Peaky Blinders, la cinquantaine de titres restitue toute la noirceur, la violence et l’élégance d’une série magistrale.

9. Allah-Las. LAHS (Mexican Summer Modulor)

Allez, on se détend. Voici Allah-Las from Los Angeles. Baigné de soleil californien et de musiques du monde, LAHS nous adresse la carte postale d’un trip psychédélique sans frontières. On embarque sans réserve sur le tapis volant de ces doux illuminés.

8. Bonnie « Prince » Billy. I Made A Place (Drag City/Domino)

Il aura fallu huit ans à Bonnie « Prince » Billy, artiste autrefois connu sous le nom de Will Oldham, pour sortir un nouvel album studio. Panne de création, plus envie de participer à la course folle d’un monde qui le met d’humeur noir et d’humour caustique. L’ermite exilé à Hawaï (on a connu pire) revient sur la pointe des pieds, avec sa meilleure arme : une country-folk lumineuse pour guitares en bois et crincrin du fond du saloon. Apaisé, il retrouve ses racines et découvre la paternité. Ce qui ne l’empêche pas de dresser un doigt d’honneur à la modernité mangeuse d’Homme. Hors-jeu ? Outlaw !

7. Baptiste W.Hamon. Soleil, soleil bleu (BMG)

Ce folksinger tout jeunot pourrait être le petit frère de Will Oldham, le mentor de ce troisième album. Ou bien le fils caché de l’immense Townes Van Zandt qui le lui a inspiré. Ou encore de la proche famille de Dominique A (des fois, on jurerait) ou Miossec, ici en duo sur un poignant Hervé. Loin d’être écrasé par ces références, Baptiste W.Hamon signe un essai très personnel, ample recueil de chansons françaises en cavale dans les grands espaces américains.     

6. L’Épée. Diabolique (Because Music)

Emmanuelle Seigner + The Limiñanas + Anton Newcombe (Brian Jonestone Massacre) = L’Épée. Le vrai faux supergroupe de rock garage publie un premier album noble et tranchant comme l’arme du même nom. Tels le Ghost Rider de Suicide (une de leurs références majeures), ces cavaliers fantômes détroussent ce qui les passionne : le Velvet Underground, la transe psychédélique, les gros orages électriques ou les mélodies yéyé acidulées. Séduisant en diable.

5. Sarah McCoy. Blood Siren (Blue Note/Universal)

Diva fellinienne, ogresse gothique, pétroleuse burlesque… De quels qualificatifs n’a-t-on affublé l’extravagante Sarah McCoy ? En oubliant parfois le principal : chanteuse de blues. Jusqu’au jour où le prince charmant Chilly Gonzales s’entiche de cette pianiste fauve. Il transforme le phénomène de foire en sirène de sang, Blood Siren, le temps d’un album au charme suspendu d’un piano-voix. Apprivoisée mais jamais domptée, Sarah McCoy puise avec pudeur dans ses blessures intimes pour offrir des chansons bouleversantes. Crooneuse crâneuse, « shouteuse » chahuteuse, elle incarne à la fois Janis, Billie ou Amy. Destins sublimes et fracassés qui vous imprègnent de grand bleu par tous les pores de la peau.

4. Fat White Family. Serfs up! (Domino Records).

Après deux albums malades et pas mal d’abus divers, les Londoniens de Fat White Family se sont refait une santé, au risque de faire fuir les cafards des débuts. Les voilà qui sortent de leur noir & blanc vaguement expérimental pour s’ouvrir à des horizons colorés. Des mélodies beachboyesques par-ci, des rythmes discoïdes par-là, de jolis chœurs ailleurs, des orchestrations grand luxe partout et du glam façon T.Rex toujours. Tout ça sans perdre une pinte de cette acuité acerbe qui les place parmi les meilleurs chroniqueurs de leur temps.

3. Philippe Katerine. Confessions (Cinq7/Wagram)

Il fallait la fantaisie farfelue de Philippe Katerine pour extravaguer une sélection plutôt Dark. A « Dada » (prout, prout, cadet) entre tendresse surréaliste et absurde burlesque, le poète de la lune décline ses douces obsessions en dix-huit confessions. Easy-listening, électro-pop, rap, soft rock ou simili reggae, la palette musicale est riche. La liste d’invités (Depardieu, Angèle, Lomepal, Camille, Dominique A…), pléthorique. Mais le meilleur, ce sont ces grosses bêtises susurrées avec gourmandise dans le secret (?) du confessionnal. Où le pécheur impénitent claque le bec (au sens propre) à un Président arrogant, dresse un inventaire à la Prévert de la quéquette, ou tourne en bouche les mots « anu, phallu, cunnilingu… » Sachant que « 88% des mecs sont pédés », comme il le chante avec Lomepal. Une ode libertaire et hilarante à l’amour de son prochain. Péché avoué, entièrement pardonné.        

2. Leonard Cohen. Thanks for the Dance (Columbia)

« Merci pour la danse » ou l’art ultime de tirer sa révérence. Le Canadien on ne peut plus céleste depuis le 7 novembre 2016, est resté classe jusqu’au trépas, voire au-delà. Pourtant, Thanks for the Dance n’est pas véritablement un album posthume. Quelques semaines avant sa mort, Léonard Cohen avait publié You want it darker réalisé avec son fils Adam. Il avait aussi enregistré neuf morceaux dans le plus simple appareil et prié le fiston d’achever son œuvre. Lequel a habillé les poèmes de son père en compagnie d’amis sûrs : le guitariste espagnol Javier Mas, Beck, Feist, Damien Rice, Daniel Lanois, Patrick Watson…

Tous s’effacent derrière le timbre sépulcral du maître pour mieux le sublimer. Sur des arrangements subtils et des mélodies d’une richesse infinie, Leonard Cohen parle d’amour et de mort, de l’âme et de l’Homme avec ce mélange de spiritualité et d’humour noir qui le caractérise. Dernière valse, promis, juré. Il faudra bien l’éternité pour en faire le tour.

1. The Murder Capital. When I have Fears (Human Season Records)

Question capitale du meurtre, ces cinq Dubliners n’ont rien à envier aux Peaky Blinders de Birmingham. Leur première tentative est une tuerie. Un pilonnage massif de basses, des rythmiques martiales, des guitares qui cisaillent et des textes/brûlots déconseillés aux personnes fragiles. Ce post-punk hanté fait resurgir de la tombe le spectre de Joy Division, sans le cloner pour autant. A la fois enragé et lancinant comme un poison mortel, When I have Fears sonne terriblement d’actualité dans un royaume désuni. Sur scène, un carnage. Groupe et album de l’année.

Dark Mazy

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