La Féline et Françoise Hardy: pop, astres et désastre

Dans sa combinaison de cosmonaute électro, La Féline dépeint une planète au bord de l’apocalypse, voyage vers l’au-delà et traque le mystère de la Vie future. En 1970, le Soleil de Françoise Hardy éblouissait déjà la pop de sa lumière noire.

La Féline. Vie future. (Kwaidan/Differ-Ant)

Petite séance de rattrapage avant le grand déballage d’hiver au rayon disques. Paru fin 2019, Vie future aurait amplement mérité de figurer dans notre best ouf de l’année. Alboum signé Agnès Gayraud, philosophe de profession, journaliste et auteure-compositrice-interprète sous avatar La Féline. Le lien entre ses différentes activités, leur moteur ? La pop.  L’intellectuelle en décortique la dialectique. L’artiste l’utilise comme médium de ses préoccupations.

C’est peu dire que Vie future n’incite guère à l’optimisme. La Féline y décrit une terre au bord du chaos, épuisée par la surpopulation, la surcroissance et la surimbécilité des nantis engagés dans cette mortelle course à l’échalotte. A fond la caisse en plein dans le mur.

Le plus sidérant, c’est qu’Agnès Gayraud observe la désintégration Depuis le ciel, telle une cosmonaute de l’apocalypse. En filant « A toute vitesse vers le vide gigantesque », elle voyage vers l’au-delà à la recherche d’un disparu (Où est passée ton âme ? Fabuleux…) ou du mystère de la Vie future (sa récente maternité).

Musique en rapport. Entre transes chamaniques, danse énergisante et BO de science-fiction, immatérielle et… féline, l’électro-pop arrangée par le fidèle Xavier Thiry ambiance magnifiquement ce disque des astres et du désastre.

Françoise Hardy. Soleil (Hypopotam/Sonopresse)

Question pop et cosmos, Françoise Hardy connait. Revisiter cette météorite solaire tombée en 1970. Il y a quarante ans, l’apocalypse n’était pas encore au désordre du jour. Quoique… Sur des titres signés d’elle-même et d’une armada d’auteurs-compositeurs en cour (Etienne Roda-Gil, Hugues de Courson, Patrick Modiano, Micky Jones, Tommy Brown…), la yéyé défroquée se balade avec grâce de Soleil en Fleur de lune. S’amuse avec les Jeux interdits (San Salvador) de René Clément, et décline la palette du sentiment amoureux. Tout ça sur des mélodies très orchestrée à la beauté stratosphérique.

Innocent ? Pas vraiment. Mine de rien, la douce Françoise glisse un crabe dans le bocal où ses deux poissons s’ennuyaient. Cruauté, solitude, faux-semblants, mélancolie… Autant de parts d’ombre révélées par la lumière noire d’un soleil aveuglant.

Dark Mazy

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