Signé Hugo (TSR) : un mec hors normes

Rappeur conscient au verbe aiguisé et à la diction parfaite, Hugo TSR est un artiste comme le hip-hop français n’en produit plus, ou presque. Il donnera l’une de ses seules deux dates de l’année à la Tannerie de Bourg, ce samedi 15 février. Complet, forcément.

Le plafond de verre du rap conscient existe bel et bien à l’heure où les instrus trap prennent de plus en plus de place. Dans l’Hexagone, Hugo TSR l’a explosé. Et il est le seul (ou presque), à sortir du milieu underground pour faire résonner son rap politiquement engagé. Lui l’homme du XVIIIe arrondissement de Paris, décrit un univers noir qu’il dessine tout au long de ses cinq albums solos.

Hugo a dû attendre 20 ans pour glaner son disque d’or acquis à l’été 2019, grâce à son dernier opus Tant qu’on est là. Vingt ans après la genèse de sa carrière, c’était en 1999. Hugo boss à l’époque, forme le TSR Crew avec ses potes Vin7, Omry, Kayzo et Nero avec qui il continue de partager sa scène aujourd’hui dans la très grande partie de ses concerts. Preuve de son humilité.

Rester dans l’ombre

Hugo TSR apparaît visage caché par sa capuche, dans ses clips comme sur scène, où il dévoile généralement son identité physique après plusieurs morceau. Un choix qu’il sont rares à faire dans un milieu où les batailles d’ego sont coutumes. Népal (disparu en 2019), Kalash Criminel, Kekra ou encore Siboy ont également choisi de rester dans l’ombre.

/Photo DR


Comme il aime le dire. Hugo, devenu TSR à la sortie de son premier album solo, La bombe H, veut être reconnu à travers son art brut. Indépendant (son maître mot depuis le début), sa cote n’a cessé de grandir. Ses deux dernier opus, Fenêtre sur rue (2012) et donc Tant qu’on est là, l’ont sorti de l’underground. En atteste son clip Là-Haut aux plus de 23 millions de vues.

Ce titre qui lui ressemble s’inscrit parfaitement dans le malaise social actuel. Il est en quelque sorte un porte-parole des plus précaires. « C’est fièrement que j’représente (18ème), j’dis pas qu’c’est l’tiers-monde Mais clairement si t’as des couilles en or, ils veulent les faire fondre  » (Tant qu’on est là, 2017). Pas pour rien que les manifs de décembre ont repris certaines de ses punchlines en slogans contestataires.

Porte-parole précaire du malaise social

Son flow, lui, ne change jamais. Hugo ne mange aucun mot, sa diction est proche de la perfection. Ses thèmes tournent autour du XVIIIe arrondissement de Paris. Il parle d’une adolescence passée à rapper une société dans laquelle il ne s’est jamais reconnu. De graff, son autre art brut, de jeunes de son âge avec qui il se sent pas en phase « Pour eux j’suis un extraterrestre j’regarde même pas la coupe du monde » (Les vieux de mon âge, 2017).

Pochette d’album Tant qu’on est là/photo DR

« Là, c’est la dèche, j’ai tellement honte qu’au McDonald J’essaye ma carte sur l’automate pour éviter d’m’afficher à la caisse » (Old boy, 2012). Son compte bancaire, sa cage d’escalier, ses fréquentation, sa haine des flics… Sa description de la réalité, sa réalité, est dure, mais juste.

Souvent amorcés par des introductions de films, – une signature presque aussi remarquable que son flow – ses morceau racontent le malaise social vu de sa rue. A 35 ans, dont 20 ans de hip-hop, ce mec hors-normes s’est définitivement affranchi des codes du « nouveau rap » pour installer son univers.

Clément MALAOUI

Complet en sept jours !

Concert à guichets fermés ce samedi 15 février pour l’une des deux seules dates de l’année. Hugo TSR a rempli les 550 places de la grande salle de La Tannerie en sept jours. Il devient ainsi le recordman de la billetterie, loin devant Jello Biafra (trois semaines) et les Ogres de Barback (deux mois).

Dark Mazy

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