Il aura fallu attendre 22h40 ce samedi 15 février à la Tannerie. Après une première partie consacrant le rap conscient très amateur de Rager « akolyts », Hugo est enfin arrivé. La salle est blindée, la chaleur omniprésente, le public en ébullition. Le terrain est prêt, le rappeur du XVIIIe arrondissement peut débarquer.
L’instru de Point de départ se lance, Hugo arrive. Photos floutées obligatoires, mais visage découvert. Rare. Comme pour montrer que ce samedi soir, il donnerait tout pour la Tannerie, son seul concert (hors festival) prévu cette année.
Pas de fioritures, pas nécessaire. Son rap tape, frappe. Il ne parle pas, mais balance sa rage au micro. La fumée se fait de plus en plus épaisse, l’ambiance dark donne le ton. La Tannerie va en prendre plein les oreilles, et ça suffit.
Hugo enchaine. Vin7, son acolyte du TSR Crew est là lui aussi, dépassé par le niveau de son pote. Comme à son habitude, Hugo laisse son passé resurgir. Ses premiers morceaux, en groupe comme solo sont joués entre deux classiques.
Improvisation pour un concert unique
La chaleur monte encore d’un cran, les pompes à bière se vident et l’ambiance dans la salle bascule dans une autre dimension. Le public stéréotype du rap « à l’ancienne » s’en donne à cœur joie. Il se passe quelque chose, ces moments d’échanges rare dans les concerts, fréquents dans les siens, s’emparent de la salle burgienne.
Les enchaînements ne sont pas travaillés, la set list inexistante. « On l’a jamais faite sur scène celle-ci, mais ce soir c’est particulier, c’est le seul de l’année, on s’autorise certaines choses ». Ils s’autorisent à kiffer, à faire ce qu’ils veulent, quand ils le veulent. Tellement que tout n’est qu’impro, rien n’est préparé.
« Tu peux monter le retour son, on en a pas assez ». L’ingé son n’est pas le leur, ce qui ajoute encore une notion d’inconnu, de minutes en minutes.
Fenêtre sur rue, Là haut, Dégradation. Les morceaux à succès se rapprochent. Hugo parle enfin, simplement pour remercier le public présent, pas plus, jamais. Sa timidité l’en empêche. Son art suffit.
À la Tannerie, Hugo a fait du Hugo. Il a impressionné techniquement pendant plus d’une heure et demi, avec Vin7 et le public comme seul back. Accompagné par ses seules instrus. Le rap à l’état pur.
Clément MALAOUI