Le rappeur burgien profite des quatre premières semaines de confinement pour poster une vidéo par jour sur Facebook. Autant de petites chroniques d’un quotidien confiné, ouvertes sur un monde qui « part en couilles ». Impressionnant.

28 jours, comme le cycle de la lune ou de la fécondité. 28 jours et autant de vidéos ainsi séquencées, que MC Jo Hell poste chaque matin sur son Facebook depuis bientôt quatre semaines. Petites chroniques d’un quotidien confiné, ouvertes sur un monde qui tourne en rond, ou part « carrément en couilles » comme il dit. Jour 1 : « Mauvais caricature… De ma fenêtre j’ai vu changer le monde… A la télé j’ai vu grandir le monstre ».
Anges déchus, destins fichus
Le rappeur burgien du collectif plake tournante décline ainsi réalisme cash, cauchemars d’enfermement et rêves d’évasion dans des visions saisissantes. Anges déchus, amours déçus, destins fichus, vies fragiles, brisées comme verre sur le mur des modernes solitudes.

Dans ces sables émouvants, le confiné lambda ne trouvera guère matière à se remonter le moral. Mais il découvrira un authentique auteur à travers la justesse et la noirceur du propos. Jo Hell n’écrit pas pour les Bisounours, encore moins pour passer le temps.
Avec l’Abbé Pierre
Mais comment fait-il ? « J’enregistre sur un petit micro de moyenne qualité. Comme je suis réalisateur, je découpe des vidéos sur mon logiciel de montage. Je fais tout, tout seul à la maison. Après, des vidéastes m’ont contacté et m’ont envoyé leur travail ». Dont Victor Cointin des K-Potes de Viriat, l’activiste aux cent bras et mille idées à la seconde, Darkham (K-Potes aussi), ou le producteur nantais Flubber qui a offert les musiques du Jour 20, clip remarquable introduit par un discours prémonitoire de… l’Abbé Pierre !

Le coup de boost du confinement
Sans être fan de rap, on ne peut qu’être impressionné par la créativité du MC. Loin de redonder, Jo Hell progresse de jour en jour. L’écriture s’affine sans perdre de sa percussion. Le hip-hop dans tous ses états mixe rock, folk, reggae, symphonique ou musiques du monde. Et les vidéos se font de plus en plus chiadées, petits bijoux visuels où se mêlent fleurs d’appartements et grands espaces, tranches de villes et émeutes urbaines. Tout ça réalisé en un jour avec les moyens du bord. Respect !

Au-delà, c’est le processus de création qui interpelle. Dans le civil, Jo Hell est chauffeur-livreur. « Je profite du chômage partiel pour tenter cette expérience. J’ai vécu ces quatre semaines comme un artiste entièrement dévoué à l’écriture ». Clip de fin ce week-end, sans amertume aucune. « Même si je ne reprends pas le boulot tout de suite, je n’irai pas au-delà des 28 titres sur quatre semaines. Je voulais cadrer ce projet pour lui donner sa cohérence ». Nul doute qu’il aura permis au rappeur de franchir un palier décisif.
Les vidéos des 28 Jours à retrouver sur Facebook facebook.com/McJoHell
A suivre dimanche 12 avril dans Rockenblog Les plaies pensées de l’hyponcondriaque, le projet de court-métrage réalisé par MC Jo Hell et Victor Cointin.
Très beau papier Marc, tu m’as mis l’alarme à l’oeil 😉
Merci Julien. Mais ça mérite et j’étais bien conseillé ! Va voir celui de ce dimanche sur « Les plaies pensées de l’hypocondriaque ». Il y a aussi de la matière… Bises de loin. Marc