Le cinéma rap et dark de Victor Cointin et Axel Clerc

Le vidéaste et le rappeur réalisent « Les plaies pensées de l’hypocondriaque ». Huit morceaux, huit clips, un court-métrage sur 24 heures de la vie en vrac d’Axel et de son double MC Jo Hell. Sortie du documentaire ce dimanche 12 avril, en attendant le film, retardé pour cause de confinement.

Par ordre d’apparition à l’écran, Victor Cointin. 30 ans, vidéaste multicarte, « engagé avec les K-Potes de Viriat, connus notamment pour le festival DTK (NDR : Dans Ton Kulte pour les intimes). Il est en stand-by pour l’instant, mais on risque d’y revenir ». L’activiste viriati se démène pour l’ouverture d’une salle à tout faire (théâtre, musique, vidéo…) au cœur du village. Mots clé : culture pour tous et proximité avec les artistes locaux.

/Photo DR

Et MC Jo Hell. 32 ans, Axel Clerc pour l’état-civil de Bourg-en-Bresse, fils de Julien Clerc, « le bon, pas la brute !» Comprenez, le batteur de Wanted, Easy Rider et autres groupes de rock régionaux. « Mais il ne m’a jamais pistonné nulle part » précise Axhell. Lui, fait du rap sur Bourg depuis une douzaine d’années au sein du collectif Plake Tournante et du groupe Sons of Melody inspiré par la série Sons of Anarchy. «plutôt rock, un peu cuir, plus que street ».

/Photo DR

« Je suis moi-même vidéaste, plus amateur que Victor, ajoute MC Jo Hell. On suit nos travaux respectifs depuis une quinzaine d’années. On a toujours eu l’ambition de bosser ensemble ». Fut dit, fut fait. Voici « Les plaies pensées de l’hypocondriaque », court-métrage réalisé par Victor Cointin et Axel Clerc.

Plaies pensées… Play blessures

En huit morceaux, huit clips, le film raconte 24 heures de la vie d’Axel. De la virée tumultueuse dans un bar (chapitre 1, Oxygène) au massacre bien gore à l’arme blanche (chapitre 8, Santé mentale) en passant par le désordre amoureux (chapitre 2, Dans les bras d’une autre, notre préféré), la pagaille et les embrouilles (thèmes récurrents), « Plaies pensées… » dépeint un univers sombre, chaotique et claustrophobe. Pas un hasard si la première image du premier clip et aussi la dernière du dernier. « Une boucle sans fin. On croit que les choses évoluent. Mais on revient toujours au départ ».

Seule la famille offre une chrysalide protectrice. Pour le reste, c’est alcool, dope et autodestruction à tous les chapitres, autant de mises en abyme (en abime), de démons que le Jo de l’enfer exorcise par les mots et par l’image. Les femmes sont aussi maltraitées que lui-même. « C’est moi qui n’ai pas le beau rôle. Elles sont victimes de mon comportement. Elles me détestent toutes. Mais elles reviendront toutes !» affirme-t-il sans que l’on puisse faire la part entre la provoc’, la parano et l’hypocondrie.

La pire des ruptures, la plaie de l’hypocondriaque la plus dure à penser, encore plus à panser et à cicatriser, c’est le passage jamais assumé à l’âge adulte. « Plaies pensées… » pourrait s’appeler « Play blessures » si le titre n’était déjà pris…

Trois ans de boulot

Sur la forme, MC Jo Hell explore les différents styles de rap du boom-bap des années 90 à la trap plus actuelle. Des rappeurs amis (Dabou, Tev Tev…) viennent poser quelques featurings, et la famille figure en bonne place sur le casting.

Derrière la caméra, Victor Cointin lui aussi varie les plaisirs. Séquences quasi documentaires et fantasmagories, scènes brutes dignes des « Misérables », albums photos et rêves hallucinatoires, drame, thriller, horreur…  Le vidéaste se glisse avec finesse dans la psyché de son sujet pour en restituer la complexité.

Santé mentale. Un chapitre 8 horrifique et bien gore/Photo capture d’écran

Court métrage au long cours. La réalisation des huit chapitres a pris deux ans et demi, et ce n’est pas fini. « Reste à tourner les transitions qui relient les clips pour donner corps à l’histoire et monter le film, explique Victor. Assez peu de choses en extérieur. Mais le confinement nous a mis dedans ».

Ce dimanche, sort le documentaire des « Plaies pensées de l’hypocondriaque » qui retrace trois ans de travaux. Pour cause de pandémie, la date de publication du projet achevé reste indéterminée.

Du ciné, pas de concert

Et après ? « Dans un premier temps, on pense l’inscrire dans des concours et festivals ». Seule certitude. MC Jo Hell ne défendra pas son bébé au micro. « Pas envie. Trois ans c’est long. Je raconte une histoire passée. Je l’avais adressée à quelqu’un. Aujourd’hui je m’adresse à quelqu’un d’autre. Je vis autrement, je ne bois plus une goutte d’alcool. Ce film représente un fragment de vie, un morceau de journal intime, romancé et stylisé. Je n’ai pas forcément besoin de le revivre sur scène ».

Les liens

Les huit chapitres des Plaies pensées de l’hypocondriaque à voir sur YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=ymchUUmpywQ&list=PLhAWSGoZwq_58h9wWn2q7QHZGZIua9mnm

Le making-of du film. https://www.youtube.com/watch?v=ymchUUmpywQ&list=PLhAWSGoZwq_58h9wWn2q7QHZGZIua9mnm

La page Facebook de MC Jo Hell. facebook.com/McJoHell. On peut y visionner aussi les vidéos quotidiennes qu’il a postées pendant les quatre premières semaines de confinement. L’expérience devait prendre fin ce lundi 13 avril. Excellente nouvelle : le prolifique rappeur a décidé de poursuivre le cycle au fil du confinement.

Dark Mazy

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