« Résiste ! Montre que tu existes » clament les salles de concerts

Exister quoi qu’il en en coûte, être prêts quoi qu’il en soit. Toujours pas de concerts à l’horizon, mais les salles gardent l’œil fixé sur la ligne bleue du 21 juin. En attendant, elles occupent le terrain et rouvrent leurs portes aux musiciens.

Grande nouvelle. Ce vendredi, la Laiterie de Strasbourg a accueilli le premier concert rock déconfiné. Oui, oui, un vrai concert en direct live, avec un vrai groupe sur scène (Lyre le Temps, tout un symbole…) et un vrai public dans la fosse. Sauf qu’ils n’étaient qu’une soixantaine de spectateurs sur les 690 que peut recevoir la salle, raconte le chroniqueur de France Info Yann Bertrand.

Autant de justiciers masqués qui s’évertuent à bouger leurs corps dans les carrés règlementaires dûment délimités par une croix. Ambiance en rapport. Vous avez déjà essayé d’exulter avec un bout de chiffon sur la bouche, et d’applaudir avec du gel plein les doigts ?

Zéro concert debout

Mascarade ? « Manifeste » répond la Laiterie. Pour elle, comme pour toutes les salles de concerts, le leitmotiv c’est « résiste, montre que tu existes !». Quoi qu’il en coûte, c’est-à-dire cher. Pour l’heure, « zéro concert debout » rappelle Didier Goiffon le directeur de la Cave à musique de Mâcon… A moins de s’en tenir à un protocole sanitaire imbitable, que chacun s’échine à décrypter à travers le décret du 31 mai. Il n’interdit pas les concerts. Mais il les restreint tellement qu’il les rend impossibles.

« Des spectacles assis avec 4 m2 de distanciation sociale, soit une trentaine de personnes à la Tannerie (500 places) et pas d’attroupement, résume son directeur Gilles Garrigos. Même pour les activités sur le parvis, c’est un peu compliqué. Ça nous limite aux petites formes, à la chanson, aux solos…»

Salles de concerts. Djette dans une Tannerie encore confinée
/Photo Marc DAZY

La SMAC de Bourg-en-Bresse montre qu’elle existe en organisant notamment des petits marchés de producteurs, avec vente de disques et Djette aux manettes, histoire de se souvenir qu’on se trouve bien dans une scène de musiques actuelles. Mais comme les autres, elle ne prévoit pas de concerts avant un certain temps, sinon un temps certain.

« Il se passera plein de choses entre septembre et décembre »

Salles de concerts. Amandine Laurent Moulin de Brainans
Amandine Laurent du Moulin de Brainans. « Se réinventer sous des formes différentes »/Photo DR

Tout est dans « le certain temps ». Pour Amandine Laurent, chargée de la communication et du mécénat au Moulin de Brainans, « on limite les dégâts, l’association n’est pas en péril. Mais il ne faut pas que ça dure ». Et de s’interroger. « Financièrement, comment retomber sur ses pattes avec une jauge réduite au quart ?»

Le Moulin a remisé sa programmation d’automne dans les tiroirs. Rien de concret sur la scène du Jura, à part quatre dates de report (Calypso Rose, François Hadji-Lazaro, Demi-Portion et la Maison Tellier), si ça joue, bien sûr. « Pour l’instant, on n’annonce rien. Difficile d’anticiper. Septembre, c’est dans très longtemps et déjà demain !»

« Il faut être prêts quoi qu’il en soit » estime Amandine Laurent qui y croit. « On y croit tous. Il se passera plein de choses entre septembre et décembre ». Tout en s’avouant « assez pessimiste sur la partie diffusion », elle envisage « des scénarios différents. On doit se réinventer sous des formes différentes, aller vers des publics différents, dans des lieux différents comme les écoles ou les Ehpad. A nous d’utiliser notre savoir-faire associatif en appui sur le territoire ». Montre que tu existes…

Réouverture des résidences, quid des répétitions

Encore vides, les locaux de répétition de la Cave devraient rouvrir bientôt/Photo DR

Privées de diffusion jusqu’à nouvel ordre, les Scènes de musiques actuelles devraient renouer tout bientôt avec le deuxième volet de leur mission : le soutien à la création et l’accompagnement artistique. La Tannerie rouvrira son plateau aux musiciens en résidence ce mercredi 10 juin, et la Cave à Musique le lundi 22. En tant qu’établissements recevant du public, les deux salles de concerts ont obtenu le feu vert de leurs municipalités respectives, et partant, celui des préfectures.

Des autorisations administratives sont également requises pour réouvrir les locaux de répétition. Comme ils rentrent plus difficilement dans les clous du protocole sanitaire, chacun épluche le peu explicite décret du 31 mai. Gilles Garrigos : « Je n’ai rien vu qui ne l’autorise pas, et rien vu qui l’autorise !» Didier Goiffon : « On ne va pas ouvrir l’un (le plateau) et pas l’autre (les locaux de répétition) » Confirmation cette semaine. Le Moulin de Brainans lui, n’a pas de locaux de répétition (projet en cours), mais compte bien accueillir des groupes en résidence cet été.

La ligne bleue du 21 juin

Rebondir, se réinventer, garder le lien si les barrières sanitaires restent fermées. Et va savoir, être opérationnels si elles venaient à se lever. A cet égard, les salles de concerts gardent l’œil fixé sur la ligne bleue du 21 juin. C’est à cette date que le gouvernement annoncera de nouvelles mesures déconfinement. « On espère que ça va se détendre et que les protocoles vont évoluer » souhaite Didier Goiffon. Quand on sait les virages à 180 degrés auxquels nous a habitué la pandémie, tout est possible. Y compris, revoir à l’automne de vrais concerts en direct live, avec de vrais groupes sur scène et un vrai public dans la salle.      

Salles de concerts. Le bal des Enragés au Moulin de Brainans
Le bal des Enragés au Moulin de Brainans. De vrais concerts à l’automne ? Va savoir../Photo Fab MAT

Liens

Cave à Musique de Mâcon. https://www.cavazik.org/

Tannerie de Bourg-en-Bresse. https://www.la-tannerie.com/

Dark Mazy

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