L’acteur indé Caleb Landry Jones sort un premier album à sa démesure. Un opéra psychédélique et rococo où s’invitent les Beatles, David Bowie ou Syd Barrett. En plus barré.
La pochette franchement hideuse intrigue. Mais quel est ce dandy indolent et fumant, mix improbable entre le Joker et Marie-Antoinette, les taches de rousseur en plus ? Caleb Landry Jones. Texan d’origine, acteur de profession. Spécialiste des rôles borderline : junky dans Twin Peaks : the return, pompiste zombifié chez Jarmusch (The Dead dont die), pervers raciste (Get Out) ou publicitaire débordé (Three Billboards : les panneaux de la vengeance).
Landry in the sky with diamonds
Son premier album est à sa démesure. Caleb Landry Jones l’a conçu dans la ferme parentale, et réalisé sous les couleurs du prestigieux label Sacred Bones, grâce à l’entremise de ce bon génie de Jarmusch. De quoi s’agit-il ? D’un genre d’opéra psychédélique et rococo, traversé de mille influences. Dont la plus évidente : les Beatles de Sgt Pepper. La fanfare grandiose et titubante du Lonely hearts club band, les diamants multicolores de Lucy in the sky, le piano bastringue, les bidouillages expéri-mentaux, les breaks à 180° et les mélodies tournoyantes façon A day in the life, jusqu’à la voix d’outre-tombe de Lennon… Tout y est.
The Mother Stone en appelle aussi au Pink Floyd de Syd Barrett, au cabaret berlinois de Bowie ou au glam rock de Marc Bolan. Toutefois, le brillant faussaire ne se contente pas de copié-collé. Le troublant garçon s’affranchit de ses références écrasantes en signant un projet personnel très ambitieux. Brouillon trop long certes. Mais on se perd avec délices dans le dédale de ce kaléidoscope délirant.
Caleb Landry Jones. The Mother Stone (Sacred Bones). https://www.sacredbonesrecords.com/