« C’est pas nous qui sommes à la rue…» Ce dimanche 13 septembre, la Rue Kétanou a clôturé les onzièmes Musicales du parc des oiseaux de Villars-les-Dombes. Un concert chaleureux et vivant qui résume une édition décisive. Bilan et perspectives.
Pour être francs, on a quand même trouvé la Rue Kétanou 2020 (du nom du dernier album) laborieuse au démarrage. Comme rouillée par des mois d’inactivité. Dire aussi que vingt ans après, le brassage de chanson cordiale, punk-rock, reggae, musiques nomades, hip-hop(otame) et (élé)fanfaron, n’est plus aussi effervescent, et que le stock peine à se renouveler.
Embarqué par les hommes que j’aime sur les chemins de la Bohème
Mais quelle importance pour qui possède en rayon des petits bijoux de l’éclat des Hommes que j’aime (notre préférée), des Caravanes, du Capitaine de la Barrique, des Cigales (dans la fourmilière) ou bien sûr, de Tu parles trop, balancé fond de gaz au final ? Avec de telles balises, la Rue Kétanou a vite retrouvé ses marques pour faire tourner ses ritournelles.
Accordéon diabolique
Le trio historique est désormais flanqué d’un accordéoniste diabolique en la personne de Pierre Luquet. Non seulement il enrichit un magasin d’instruments déjà conséquent, mais en plus il fait le show. Il faut le voir danser à bras le corps avec son piano à bretelles, ou livrer des duels épiques à Florent Vintrigner.
En deux heures de convivialité partagée, la Rue Kétanou a ainsi embarqué son monde sur les chemins de la Bohème. Un bon millier de personnes masquées mais debout, à applaudir, danser, chanter et faire vibrer l’estrade, ça fait chaud au cœur.
Danser sous la pluie et passer entre les gouttes
La grande réussite des Musicales tient dans cette ferveur populaire. Sur une quinzaine de jours, l’événement aura rassemblé quelque 15 000 spectateurs (record battu) malgré la Covid et la cherté des places. Les artistes avaient besoin de jouer. Le public avait soif de concerts. Les Musicales leur ont donné l’occasion de se retrouver au parc des oiseaux, dans l’un des très rares festivals de France à s’être maintenu bec et ongles.
« Vivre, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe, c’est apprendre à danser sous la pluie » dit le directeur Emmanuel Visentin, citant Sénèque qui ne savait rien du dérèglement climatique. A défaut de faire pleuvoir, le grand Manitou des Musicales peut se vanter de s’être mouillé, tout en passant entre les gouttes. Ou plutôt entre deux confinements, celui du printemps et celui qui nous attend.
Tournant décisif
Tout n’a pas été pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le beau concert d’Angélique Kidjo n’a guère rassemblé au-delà du cercle d’invités. Et les réseaux sociaux ont déglingué la prestation d’Ibrahim Maalouf jugée bavarde et dispendieuse. Aléas du spectacle vivant, le principal étant déjà que spectacle vivant il y ait. De ce point de vue, cette édition si particulière aura marqué un tournant décisif. Fort de son expérience, Emmanuel Visentin reconduira le créneau du début de fin août/début septembre et devrait pérenniser le site « éphémère ». Ce qui lui permettrait d’augmenter la jauge (2000/2500 places sans distanciation, rêvons un peu), donc, de baisser les tarifs. Voire, de sortir un peu du ronron de la variété consensuelle, proposer des affiches plus audacieuses et imprimer la griffe de l’oiseau parmi les festivals qui comptent. C’est ça aussi danser sous la pluie.
Les Musicales 2021
La 12 ème édition des Musicales est annoncée du 28 août au 12 septembre 2021 au parc des oiseaux de Villars-les-Dombes. http://musicales.parcdesoiseaux.com