Les Victoires de la Musique nominent La Maison de Retraite de Michel Jonas au titre de chanson originale de l’année. L’artiste a confié les clés du clip à Yves Le Coz et Amélie de La Fontaine, enfant de Viriat. Résultat : une énorme bouffée de tendresse, avec de vrais Bressans dedans.
« Tu parlais de naufrage, d’un corps qui n’a plus d’âge… Peur de la dépendance et de finir sa vie dans une maison de retraite… Mais tout ça c’est des bêtises. Est-ce que tu réalises qu’on s’ra jamais trop vieux, pour s’écrire des poèmes, pour se dire que l’on s’aime, se r’garder dans les yeux »
Quelque chose de Brel
En quelques mots simples et justes, avec empathie et sans pathos, Michel Jonasz chante la peur de vieillir, et surtout celle de ne plus s’aimer. Tournez manèges. La valse claudicante dit tout du mouvement perpétuel du temps. On pense aux Vieux de Jacques Brel, à cette terrifiante « pendule d’argent, qui ronronne au salon, qui dit oui, qui dit non… » Oui, il y a quelque chose de Brel dans La Maison de Retraite, la cruauté en moins, une énorme bouffée de tendresse en plus. Sortie en 2019, la chanson résonne aujourd’hui avec la détresse des Ehpad frappés par le virus. Et comme elle est magnifique, la voici nominée aux Victoires de la Musique, catégorie « Chanson originale ».
Des enseignants fous de danse et de musique
Le clip vient de sortir. Paroles et Musique : Michel Jonasz. Arrangements Jean-Yves d’Angelo et Manu Katché. Un film d’Yves Le Coz et Amélie de La Fontaine, précise le générique. Qui ça ? Lui, Breton d’origine, prof d’EPS. Elle, professeur des écoles et fille d’enseignants : Jacqueline et Pierre de La Fontaine de Viriat (Ain). Tous fous de danse et de musique. Amélie et Yves sont même convaincus que la danse peut changer le monde. Dans les quartiers populaires du 20e arrondissement de Paris, le couple transmet son art à ses élèves, en tire des vidéos et acquiert une certaine reconnaissance.
La valse de la vidéo
Heureux hasard, Michel Jonasz a besoin d’un clip pour accompagner La Maison de Retraite aux Victoires de la Musique. Par le biais de connaissances communes, son attaché de presse contacte Yves Le Coz. « Il lui fallait un clip dans les quinze jours ! raconte l’intéressé. Vu le peu de temps qu’on avait devant nous, on a décidé de le faire à deux, Amélie et moi ».
« On adorait cette chanson, on la connait par cœur, souligne la réalisatrice. On s’est mis au service du texte, tout en adoptant un parti pris artistique ».
Qu’est-ce à dire ? Comme dans la valse, la vidéo joue sur trois temps, trois tableaux étroitement imbriqués les uns dans les autres.
D’abord, Michel Jonasz qui chante, filmé face caméra en plan très serré, lui qui déteste se voir sur écran.
Ensuite, Amélie et Yves qui dansent, assis/debout autour de la table de leur appartement, duo doublement fusionnel « collé aux paroles ». Référence ? « C’est un hommage au P’tit Bal, le court-métrage de Philippe Découflé sur la chanson de Bourvil ».
Des gens qui s’aiment et des combattants
Il y a enfin les figurant.e.s. Elles et eux aussi vont par deux. Ces couples de tous les âges, « de 18 à 80 ans », défilent dans une folle farandole. Trait commun ? « Ce sont des gens qui s’aiment et des combattants, puisqu’il s’agit d’une chanson d’amour et de combat ». Les uns se chamaillent, d’autres se roulent une grosse pelle. Ils et elles marchent main dans la main, courent dans la rue, se frôlent se parlent, se sourient, se jettent des regards complices, s’enlacent, valsent et s’embrassent. « On avait listé tous ces gestes. Chacun exprime son amour à sa manière ».
Qui est qui ?
« On a lancé un appel à figuration. On a retenu nos potes, la famille, des collègues, des proches, des voisins, des gens de l’entourage de Michel Jonasz… » Côté people, citons Valérie Kaprisky, ou l’acteur Philippe Rebbot, mais c’est à peu près tout. La renommée des autres ne dépasse guère leur bout de Paris ou leur terre de Bresse, et c’est déjà beaucoup. Du square des quinconces au Boulevard de Brou en passant par l’avenue Alsace-Lorraine ou la rue Quinet, à vous de retrouver les gens d’ici.
« Après, c’est la magie du montage ». Elle opère naturellement, tant les enchaînements sont fluides et le rythme élégant. Malgré son parti pris artistique – jamais la maison de retraite n’apparaît – le clip restitue toute la force et la tendresse de la chanson. Jonasz, pourtant réputé pointilleux, ne s’y est pas trompé. « Il a d’abord été surpris. Après, il a validé à 100% !»
Aux Victoires de la Musique
Votez pour La Maison de Retraite de Michel Jonasz, catégorie chanson originale. https://www.francetelevisions.fr/et-vous/participer-a-une-emission/victoires-2021-4233
Les Victoires de la Musiques 2021 se dérouleront le vendredi 12 février, 21h00, à la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt. En direct sur France 2.
C’est fou comme la voix de Jonasz donne une dimension poétique et nostalgique à des lieux et des gens qu’on croise pourtant tous les jours…c’est émouvant.
Très juste
Bien vu Rémi !
Superbe !
Nos parents habitaient au-dessus du square du clip,ils sont rentrés en maison de retraite en août 2020,notre père y est décédé du coronavirus 3 semaines plus tard.La famille avait choisie » le p’tit bal perdu « de Bourvil pour sa sépulture ,nos parents étaient de grands valseurs!Nos grands-parents sont enterrés à Viriat,ma sœur habite dans le 20ème, que de coïncidences….Très émue par la chanson,le clip et troublée par toutes ces informations…On a pas put respecter leur Liberté et leur Dignité ,dur,dur!!
Beau témoignage qui ne doit rien au hasard. « Le p’tit bal perdu » et « La maison de retraite » font s’aimer des humains tels que vous décrivez votre famille. La force du clip est que chacun retrouve ses émotions personnelles.