Le duo rap, punk et électro Sleaford Mods reprend ses chroniques vachardes d’un Royaume désuni sur son nouvel album, Spare Ribs. Aussi urgent et énergisant dans l’Angleterre du Brexit, que les Sex Pistols dans celle de Thatcher.
Qu’est-ce qui ressemble le plus à un album de Sleaford Mods qu’un autre album des Sleaford Mods ? Depuis 2006, les deux mods de Sleaford, peu riante bourgade proche de Nottingham, balancent à intervalles réguliers des skuds destroyeurs sur leur environnement de prolos sacrifiés. Tels des travers de porcs (Spare Ribs, on y vient) débités/dépités sur l’autel du néolibéralisme.
Ce monde qui va de travers (de porc)
Le 6ème album, Spare Ribs donc, reprend ses chroniques vachardes d’un Royaume désuni. Ses politiciens bien nullos (spéciale dédicace au conseiller de Boris Johnson Dominic Cummings), son Covid galopant, ses rockeurs poseurs, sa petite bourgeoisie frigide, ses laissés pour compte bourrés à la bière et au nationalisme… Autant d’instantanés éructés par Jason Williamson dans des slams rageurs à l’humour ravageur. Aux machines, son complice Andrew Fearn les boostent dans un mix incendiaire de rap, punk et électro.
Signe que les temps changent, les femmes font leur entrée dans l’univers minimâle des deux sauvages. Telle l’Australienne Amyl Taylor, frontwoman des méchants Amyl & The Sniffers, la sociologue anar Lisa Louise Mac Kenzie, ou leur frangine de Nottingham Billy Nomates.
Toutes et tous disent que ça ne va pas fort dans ce monde qui va de travers (de porc). Le meilleur parti est encore de gratter là où ça fait bobo (Johnson) en un grand éclat de rire sardonique (la Reine). Sleaford Mods est aussi urgent et euphorisant dans l’Angleterre du Brexit, que les Sex Pistols l’étaient dans celle de Margaret Thatcher. Le (no) futur du rock anglais, c’est eux. Vous reprendrez bien un peu de Spare Ribs ?
Sleaford Mods. Spare Ribs (Rough Trade/Wagram)
