Plus léger, plus joueur, le rappeur bressan MC Jo Hell présente deux morceaux enchaînés dans un plan séquence. Une vidéo très spéciale pour dire qu’il nous aime à sa manière, en attendant l’extinction de l’espèce.
MC Jo Hell déboule en robe de chambre et retrouve ses potes toujours en place après une nuit que l’on pressent festive. Les cendriers débordent de ceci-cela. Canettes et bouteilles s’accumoncellent dans ce loft ancien du centre de Bourg-en-Bresse. Les uns jouent au baby ou aux jeux vidéo. D’autres sont posés tranquilles autour de la table ou dans le canap’. Petit matin calme après les excès de la veille, lorsque les organismes font relâche dans une douce euphorie. Même en peignoir éponge/claquettes/chaussettes, le rappeur burgien a le chic pour saisir cet instant suspendu. Voir son dernier clip tourné vite fait la semaine dernière et mis en ligne dans la foulée.
Côté son, le faiseur de beats nantais Flubber restitue l’ambiance relax d’une BO magistralement orchestrée. Côté prod’, Epik Beats, déjà aux manettes sur l’une des précédentes réalisations du garçon, signe une vidéo très spéciale : deux morceaux enchaînés et encapsulés dans un plan séquence. D’abord Rap de bas étage avec le MC Jo Hell en déshabillé. Que l’on retrouve en tenue de ville 1’12 plus tard sur A ma manière.
Apocalypse ou happy collapse
« Je vous aime à ma manière, je suis bien dans ma tanière, un verre de Jack Daniel, alea jacta est ». Après les mauvaises caricatures et les heures darks des Plaies pensées de l’hypocondriaque, on retrouve un Axel Clerc (pour l’état-civil) plus léger, plus joueur, qui s’amuse avec sa bande et rit de lui-même. Il ironise ainsi sur ses raps de caniveau d’un monde au bord du chaos, alors que finalement tout n’est pas si grave. A l’apocalypse, MC Jo Hell préfère « l’happy collapse », une extinction de l’espèce joyeuse où il est urgent de vivre à fond le peu de temps qui sépare la crèche du cimetière.
MC Jo Hell déboule en robe de chambre… 
…Et retrouve ses potes de la veille
En chiadant davantage, le prolifique auteur peut sans doute mieux faire que ces rimes faciles et approximatives. Mais peu importe. C’est justement parce qu’il n’a « pas le temps de rêvasser », que l’homme pressé s’exprime avec autant de spontanéité. A sa manière, et c’est comme ça qu’on l’aime.
Dérouler le fil de l’histoire
Sous ses airs de chien fou, MC Jo Hell travaille sur le long format. On se souvient des « Plaies pensées de l’hypocondriaque », sa série quotidienne pendant trois mois confinement. L’idée du « deux raps en un » tourné en plan séquence participe de la même volonté : dérouler le fil d’une histoire. « Avant, on écoutait des albums qui se tenaient. Aujourd’hui, on zappe d’un morceau à l’autre sans tenir compte de la cohérence ». Il compte bien développer son idée de rap concept dans ses projets à venir. Dans ses tiroirs, un clip sur les relations homme/femme, et un autre en guitare-voix filmé dans un Théâtre désert pour dire la détresse de l’artiste coupé de son public. facebook.com/McJoHell
