Ce samedi 13 mars, la Tannerie de Bourg-en-Bresse a rejoint le mouvement d’occupation des salles pour réclamer la réouverture des lieux culturels. Au-delà, les locataires sine die entendent transformer leur résidence en plateforme d’échanges et force de propositions.
Peu après le rassemblement contre la Loi de Sécurité Globale, une cinquantaine de manifestants ont investi tranquillement la Tannerie. Il est vrai que les tenanciers consentants n’ont fait aucune difficultés pour leur ouvrir les portes. Tout un symbole. « On est là pour réclamer la réouverture des lieux culturels et faire bouger le gouvernement » résume l’une des porte-paroles.
La Tannerie entre en scène
La Scène de Musiques ACtuelles de Bourg rejoint ainsi le mouvement d’occupation des théâtres lancé la semaine dernière à l’Odéon de Paris et qui s’est rapidement étendu aux quatre points cardinaux. De Strasbourg à Brest et de Lille à Perpignan, en passant par Rennes, Marseille, Châteauroux, Amiens, Besançon, Toulouse ou Saint-Etienne, il touche désormais vingt-six salles de spectacle. Derniers bastions en date, le TNP de Villeurbanne, et donc la Tannerie.
A Bourg-en-Bresse, la logique aurait plaidé pour une occupation du Théâtre, plus visible au centre ville et voisin des cinémas, ces autres sacrifiés du confinement culturel.« Parce que je privilégie d’autres modes d’action qui sont en cours » répond le directeur Vincent Roche-Lecca quand on lui demande pourquoi il n’a pas encore embrayé. « Après le rassemblement du 27 février aux arrières de Brou et celui à la halle Tony-Garnier du 4 mars, il fallait qu’on se décide vite. On est venu la Tannerie qui s’était proposée » explique la comédienne Christine Larivière, l’une des chevilles ouvrières d’Action Culture Ain.
« Tout est à reconstruire »
Le collectif fédère quelque 120 membres sur le département de l’Ain, lieux de diffusion, associations, écoles, artistes ou techniciens. Tous en lutte pour la réouverture des lieux culturels et l’accès à l’espace public. « Cela va au-delà, poursuit Christine Larivière. La prolongation de l’année blanche pour les intermittents et le maintien de l’assurance-chômage sont des revendications qui vont de paire. Il faut que l’on parle des conditions de cette réouverture. Avec qui, comment ? tout est à reconstruire ».
L’occupation de la Tannerie sert à ça. Débats quotidiens, rencontres avec le public, actions avec les soignants… Loin de squatter idiot, les locataires sine die entendent transformer la salle en une plateforme d’échanges et une force de propositions. Un espace ouvert, comme devraient l’être les lieux culturels.
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« Des décisions étayées pour ouvrir au sens large ». Philippe Pellier, comédien
« Je suis perplexe devant l’incohérence des mesures gouvernementales. Pourquoi un parfumeur est ouvert et un théâtre fermé ? Les galeries d’art ouvertes et les musées fermés ? Pourquoi les librairies sont ouvertes ? Parce que les libraires et les éditeurs ont fait pression. Avec raison. Moi, je me sens plus en sécurité à Montbarbon qu’à Leclerc. Je souhaite qu’on ouvre la culture au sens large, avec des protocoles sanitaires. Le peuple a élu des représentants. Qu’ils débattent plutôt que laisser prendre les décisions à un seul dans son bunker. Qu’elles soient les mêmes pour tout le monde, et qu’elles soient étayées ».
Dur dur 😔😔😔