Oumane publie ce vendredi 23 avril un premier album ouvert à l’imaginaire. Ou comment naviguer sur le dos d’une baleine mythique pour goûter chaque instant.

Oumane ?
Woman ? You man ? Human ? Entendez-le comme ce qu’il vous inspire. Oumane est ouvert à l’imaginaire. Comme la musique du groupe formé en 2020 autour de Jujurieux (Ain) par Malhory Maret, Cyril Rebillard et Christian Pillemy.
Malhory Maret
50 ans. Guitariste autodidacte, agile et boulimique. Aussi, chanteur, compositeur, auteur, arrangement, chorale… Jamais rassasié de musique qu’il écoute et pratique à toute heure du jour et de la nuit.
Licencié de musicologie, rate volontairement son oral de troisième cycle. « Au dernier moment, je ne me suis pas vu tout lâcher, ma maison, ma famille, pour partir dans l’enseignement ».
Bon choix. Depuis un quart de siècle, Malho multiplie les aventures musicales « all styles », que ce soit en jazz du monde (Trio Masero), chanson (Ma Bonne Suzanne, Petrek, le Grand Jacky Chaud, la Grande Gueule…), blues rock (Machtu, en solo sur C’est comme ça que je l’entends) ou latino (Luna Negra, Rétro Latino). Liste non exhaustive.
Au générique de deux spectacles son et lumières. Ecrit la musique de Terres d’un homme, les escales de Saint-Exupéry (2017) et interprète les quatre chansons de la bande-son. Compose une musique et deux chansons de Morts pour la France (2018) commandé par le Département de l’Ain à l’occasion du centième anniversaire de l’armistice du 11 novembre.
Cyril Rebillard
27 ans. Bassiste, guitariste et ingénieur du son. Famille rock et électro. Fondateur du groupe Hokins (2012). Vu et apprécié avec Louis Delort (2018) sur la tournée de l’album La Folie des Hommes.
Co-fondateur de l’association et du studio d’enregistrement La Soierie à Jururieux, initiateur du festival Les Musicales de la Soierie des 7 et 8 mars 2020, juste avant le confinement, il y a longtemps…
Arrangeur musical, illustrateur sonore et ingé son du spectacle Terres d’un homme…
Christian Pillemy
61 ans. Guitariste et bassiste colossal. « 1,94m pour 104 kilos, dont dix de trop » dit-il. Famille musiques trad, brésilienne (Sexta Feira) ou irlandaise (Bonnie Kate, Rural Café). Avec Amaterra, il met le cap sur l’Italie du sud. Découvre à cette occasion la battente, guitare douze corde au son acide.
A part ses petits problèmes de surcharge pondérale, cet ancien de Plastic Omnium connaît surtout les balances en tant qu’ingénieur du son. Derrière Al Delort notamment. A la compo, à la basse, à l’enregistrement, au son et à la technique sur Terres d’un homme…
Claude Jacquemard
58 ans. Autre ex-Plastic Omnium, reconverti dans le son et l’éclairage. Le quatrième mousquetaire, celui de l’ombre. Fondateur d’Aria Prod, boîte de production de spectacles vivants et d’événements divers. Co-fondateur du studio La Soierie avec Rebillard et Pillemy, et président de l’association.
Administrateur et régisseur des projets Terres d’un homme… et Morts pour la France, entre autres.
Terres d’un homme…
… Les escales de Saint-Exupéry. Musique live, narration, animation et vidéo. Spectacle son et lumières sur la vie de l’aviateur dessinateur de mouton. Projeté trois ans de suite (2017-2019) sur les murs du château de Rémens, la maison de Saint-Ex. Un carton, d’où sortiront un livre-disque, puis une série animée de dix épisodes. Le dernier vient d’être publié sur YouTube. Ils seront bientôt reliés en long métrage. Terres d’un Homme… le spectacle original, c’est le projet fondateur de Oumane. « Le fait de travailler ensemble sur la BO, nous a permis de trouver un vrai son de groupe. On s’est dit « et si on continuait ? »
Jujurieux
La terre des hommes de Oumane. Premier live au festival Les Musicales de la Soierie en mars 2020. Premier album un an plus tard. Enregistré au studio La Soierie, coproduit par Aria Prod et Malhory Maret, de Montagnat lui.
Vénus Cachalot
Le nom du premier album et le titre qui le clôture joliment. Où un rêveur endormi sur l’océan rencontre une Vénus cachalot. C’est assez, tance le cétacé ! « Hey, petit homme, tu n’es rien sur ce grand océan. Mais tu dois naviguer pour goûter chaque instant ». La mer huilée d’un blues paisible, monte lentement au gré d’un instrumental africanisant. Puis redescend en douceur pour nous poser sur le rivage. Bruissement de ressac et chuchotement de baleine. C’est majestueux, poétique et bienveillant. Tout beau tout doux. Comme cette Vénus Cachalot qui vous embarque au fil des treize plages.
Français, langue vivante 1
Aux guitares – dont la battente – basse, percussions et chœurs, Chritian Pillemy et Cyril Rebillard accompagnent Malhory Maret dans ses univers à la fois pluriels et singuliers. Le guitariste chanteur en a écrit musiques et paroles. En Français s’il vous plait, ce qui n’a rien d’évident pour un musicien pétri de cultures anglo-saxonne et latina. « Pendant des années, je n’arrivais pas à faire sonner le Français sans que ça fasse du Johnny ! La reprise d’Afrique à fric sur l’album C’est comme ça que je l’entends (2012) m’a mis en confiance ». Depuis, Malho choisit Français LV1. Et ça lui réussit.
Treize chansons donc, et autant d’inédits. Certes, Femmes de Guerre a été composée pour le spectacle Morts pour la France mais n’avait pas été retenue. Treize chansons et autant d’univers. Consomme et ses rimes en « si » ouvre l’album sur un tempo rock en dents de scie, comme celle qui coupe la branche sur laquelle s’assied le consumériste. Clip très sympa illustré par les dessins animés de notre Chattos préféré.
« L’écriture a un rythme »
Les thèmes dérivent entre ballades rêveuses, blues-rock soft, un zeste d’électro-pop ou un brin de rythmes métissés entre Afrique, Caraïbes et Amérique du Sud. Malho parle des femmes, Femmes-fleurs, ou bien bâtées/battues, de ces femmes de guerre chargées d’assurer les arrières du front. Evoque des souvenirs flottants sur Ma rivière, le terrorisme (inquiétant Tuer un clown), l’être et l’avoir, l’écologie ou la folie de l’échevelé.
La naïveté apparente du Gentil contraste avec le cynisme des bad boys à succès, genre London ou Sinatra. Elle dissimule des béances bien profondes. Rien de frontal, que des images suggérées, projetées de l’inconscient. « Je prends ma guitare et je laisse aller les mots. Je pars toujours d’une émotion en essayant de rester au plus près de ce que je veux exprimer. Comme un riff qui amène une musique. J’écris comme je compose. L’écriture a un rythme ». Sur l’instru Traoré il ne dit rien. Mais sa guitare parle pour lui.
L’avis de Rockenblog : RRR *

Oumane réussit son premier essai. Vénus Cachalot évolue en mers claires et surfe sur des pics fastueux, tels le titre éponyme, l’instrumental Traoré, ou l’énigmatique Ma Rivière, nos trois préférés. Quelques-uns, plus faciles à notre humble avis (Consomme), restent un peu entre deux eaux. Réserve aussi sur la voix de Malho, trop pop propre lorsqu’il la pousse vers le haut. Musicalement, parfait. Instrumentistes au top et en osmose, mise en boîte nickel. Et l’atmosphère aqua(poé)tique qui nimbe cet album d’harmonie rattrape ses quelques faiblesses. Même si elle ne se dévoile pas au premier venu, Vénus Cachalot vous attrape par le bout de l’oreille pour vous emmener naviguer et goûter chaque instant.
*Les R de Rockenblog. RRRR : Top RRR : Bien RR : M’ouais… R : Bof 0 : Flop
Oumane. Vénus Cachalot (Aria Prod). Sortie le vendredi 23 avril. Disponible sur http://oumane.fr/ et https://www.aria-prod.fr/. En dépôt-vente chez MC Music à Bourg-en-Bresse.