Autorisation de bamboche ce mercredi 19 mai avec la réouverture des lieux culturels ? Pas si simple. Le déconfinement, comment ça marche, et comment les salles de musiques actuelles appréhendent la reprise.
Voilà combien de jours, voilà combien de nuits ? Un an et des poussières en comptant quelques réapparitions fantomatiques à l’automne. Un siècle ou deux en durée ressentie. Cent ou deux cents ans à tourner en rond masqués, sans spectacles vivants, sans bars et sans bamboche.
Ouf, fini… Ou presque. « A partir du mercredi 19 mai, tous les lieux de culture vont pouvoir rouvrir leurs portes au public » proclame le ministère, en précisant les modalités d’une réouverture progressive.
Dates et jauges
- Le 19 mai donc, couvre-feu à 21h00 ; public assis à l’intérieur des salles dans la limite de 35% du plafond de jauge habituel et de 800 spectateurs ; même pourcentage en extérieur, assis aussi, avec un maximum de 1000 spectateurs pour les festivals.
- Le 9 juin, couvre-feu à 23h00 ; jauge portée à 65% du plafond et 5000 spectateurs.
- Le 1er juillet, levée des restrictions de jauge en configuration assise ; autorisation des festivals de plein air en configuration debout « selon une jauge de 4m2 par festivalier et dans une limite qui sera définie par le préfet en fonction des circonstances locales ». Ubu n’aurait pas fait mieux.
Buvettes : service compris
« Qui Ubu boira » comme dirait Jarry (Alfred, pas le comique). Qu’en est-il des buvettes et stands de restauration qui font bouillir la marmite des salles de concerts ? Ces espaces de convivialité (pire, de bamboche !) où l’on se croise forcément démasqués… « On n’a pas spécialement d’infos, reconnait Catherine Robbe, chargée de communication et des relations publiques à la Cave à Musique de Mâcon. A priori, on peut ouvrir aux mêmes conditions que les bars et restaurants ». C’est-à-dire en terrasse pour l’instant, et surtout sans déplacements de consommateurs. Ce qui suppose un service à la table et « des équipes bar plus importantes ».
Les apéros de la Cave
Sur cette fin de saison, les scènes de musiques actuelles privilégieront l’extérieur. Ainsi, la Cave relance ses apéros dans la cour, avec annulation en cas de mauvais temps. Première date le jeudi 27 mai au grand site de Soluté avec la fanfare de rue Sopaloca, suivie d’une foultitude de petits plaisirs (Banan’n Jug, Forget Me Note, La Fanfare des Pavés…) à picorer en même temps que les cahouètes, et ce jusqu’au 29 juillet !
Toute la programmation sur https://www.cavazik.org/programmation.php. Réservations plus que conseillées. 35% de la jauge, ça nous fait 105 entrées. 165 à 65% !
Occupons partout à la Tannerie
La Tannerie de Bourg est sur la même longueur d’ondes. La SMAC de l’Ain rouvre ce mercredi en mode manifestif, sur la lancée d’une occupation entamée il y a deux mois. « Occupons partout, la Tannerie vous dit tout, annonce le communiqué. Deux mois d’occupation, dans notre petit Odéon. Aujourd’hui tout rouvre, mais … comment ? Venez nous donner votre avis, vos envies. Le public a la parole ! Au son de la Fanfare, des Gouailleuses de Bresse et des flash mob… Nous expliquerons quelles sont les revendications actuelles : bien au-delà du monde du spectacle. Avec les Z’occupants et le collectif Action Culture Ain ». Mercredi 19 mai de 18h30 à 20h00. Entrée libre et gratuite.
Tannerie-Plage
Dans la foulée, la Tannerie accroche l’expo (SUR)Vivre, (Re)Vivre… Vivre du 1er juin au 25 juillet en extérieur de différents lieux Bourg : H2M, Théâtre, Conservatoire, Zoom, MCC, Artphonème, Tannerie. Ou comment les artistes ont continué à créer en milieu confiné. Plus, un spectacle jeune public, un petit marché de producteurs locaux, sans oublier les concerts doigts de pieds en éventail de Tannerie-Plage. Dates à préciser et places à réserver. Le parvis ne peut accueillir que trente chanceux à 35% de la jauge, et 70 pas trop gros à 65%. https://www.la-tannerie.com/
Guillaume Meurice & The Disruptives
Guillaume Meurice, attendez voir… Le chroniqueur de France Inter ? Tout à fait, mais également le frontman du « premier groupe de rock macroniste autoproclamé ». Soit, un spectacle inclassable entre chansons, sketches et vidéos, pour « parodier l’actualité avec malice » dit-il. Là encore, la réservation s’impose. La règle des 65% limite la capacité d’accueil de la grande salle à 130 places assises.
Guillaume Meurice & The Disruptives, samedi 19 juin. Ouverture des portes à 20h00. Concert à 20h30. 25 €. https://www.la-tannerie.com/
Rouvrir, quoi qu’il en coûte
On a bien compris que si les lieux culturels rouvrent demain, la bamboche, ce n’est pas vraiment pour tout de suite. Pour une salle non-labellisée comme les Arts dans l’R de Péronnas, la réouverture tourne même à la soupe à la grimace. « Je n’ouvre que le 9 juin, prévoit Raph Porcherot le patron. Sans terrasse ni restauration, à 35% de la jauge, on ne s’en sort pas. Après, en servant à table, je passe à 50% de la jauge. Sur 130 places, il m’en reste 42 avec les règles de distanciation ! Je travaille à perte. Mais il nous faut rouvrir pour montrer qu’on est là et maintenir le lien avec le public ».
Tout le monde en est un peu là. Les lieux culturels n’attendent pas le feu de tour de chauffe de fin de saison. Mais ils mettent le pied dans la porte pour bloquer le grand rendez-vous de l’automne. Résumé lapidaire de Catherine Robbe : « A la rentrée, j’espère qu’en sera debout !»
