Le Grand Jacky Chaud : les enfants terribles de Jacques Brel

Avec le Grand Jacky Chaud, faux tribute et vrai spectacle, le barde Didier Barraud et le guitariste Malhory Maret abordent le monument Brel par sa face décalée. Pas la plus connue, ni la plus abrupte, mais sans doute la plus ludique et la plus rock’n’roll. Chaudement recommandé ce samedi 5 juin à la Grange du Pin de Val-Revermont.

Le Grand Jacky Chaud
Le Grand Jacky Chaud, quand Didier Barraud et Malhory Maret cuisinent Brel avec amour et humour, en y ajoutant leurs grains de sel et de folie/Photo Bernard DUTHEIL

« On est tous dans une chanson de Brel » disait son accordéoniste historique, le regretté Jean Corti. Le barde irréductible Didier « tchaise » Barraud et le guitariste aux cent doigts Malhory Maret, eux, habitent carrément une vingtaine de pièces qu’ils habillent de façon singulière. Bienvenue dans le Grand Jacky Chaud ce samedi 5 juin à la Grange du Pin de Cuisiat, commune de Val-Revermont.

Pas de (re)revisite guidée

Les duettistes ne se souviennent plus trop de la date de création du Grand Jacky Chaud (2015, 2016 ?), mais ils s’accordent sur sa nature. « Ce n’est vraiment pas un « tribute to » (traduisez « hommage à »), précise Didier. C’est un spectacle dans lequel on a plutôt essayé de mettre un peu de nous ». Pour le moins. Que les gardiens du temple en quête de restitution et de (re)visite guidée passent leur chemin balisé. Le Grand Jacky Chaud s’adresse en priorité « à ceux qui se laissent entraîner à la découverte » comme le dit joliment Arnaud Colignon, autre « Brel addict » et coproducteur du concert de samedi.

Rock’n’roll, humour et rentre-dedans

« On part forcément des chansons » tempère Malho. Oui, mais lesquelles ? Comment faire du tri sélectif dans une œuvre immense où il n’y a rien à jeter ? Rien que le fait de choisir, c’est déjà annoncer la couleur du spectacle.

Le Grand Jacky Chaud
/Photo Bernard DUTHEIL

Le Grand Jacky Chaud aborde le monument par sa face décalée. Pas la plus courue, ni la plus abrupte ou la plus sombre, mais peut-être la plus diverse et la plus ludique grâce au jeu des deux interprètes. « On a choisi des chansons sur lesquelles on pouvait amener nos trouvailles » poursuit Malho. Question de style et de feeling. Si les textes ne perdent rien de leur puissance, leur mise en scène et en musique diffère radicalement des originaux typés music-hall et grand orchestre. Didier : « Nous, c’est plus rock’n’roll, humour et rentre-dedans ! Ce qu’était Brel en fait ».

« Brel a beaucoup travaillé avec nous ! »

Tout juste. Quelques titres restent de facture classique. Mais la plupart s’ornent de parures inattendues. L’air de la bêtise façon flamenco, L’âge idiot côté punk, ou J’arrive très hendrixien. Après, la personnalité du barde – ses clins d’œil, ses inserts « philosophicomiques » -, la guitare magique de Malho, des percussions et quelques belles surprises, donnent au spectacle une tournure unique et séduisante, que l’on soit de chez Brel ou que l’on n’en soit pas. Tout ça en restant complètement dans l’esprit de celui qui a veillé et surveillé ses enfants terribles. « Je pense que cela lui convient, selon Didier. D’ailleurs, il a beaucoup travaillé avec nous. On l’a souvent convoqué pour qu’il nous donne son point de vue !»                   

Brel universel et intemporel

Un spectacle sur Brel en 2021, 43 ans après sa mort, pour qui, pourquoi ? « Parce qu’il est universel et intemporel, estime Malho. Il pose les questions de fond. Une chanson comme Ça va aurait pu être écrite aujourd’hui. Si on enlève l’histoire du style, Brel traverse les époques »

« Moi, c’est son authenticité que je retiens, poursuit Didier. Brel était un passionné, celui qui cherchait l’inaccessible étoile ».

Le Grand Jacky Chaud. Arnaud Colignon chante Brel
/Photo Dominik Fusina

« Je l’ai découvert à l’adolescence et il ne m’a jamais quitté, avoue pour sa part Arnaud Colignon. Pour moi, c’est l’un des plus puissants en termes d’écriture et de compositions. Dans l’intensité et la restitution des climats, on n’a jamais fait mieux. Chez Brel, il est beaucoup question de mort, de finitude et de fragilité, l’idée qu’il ne faut pas se la jouer. Cette question essentielle du vivant est plus que jamais applicable à la période actuelle. Et puis chanter comme il l’a fait, l’amitié, les possibles… On en a tant besoin aujourd’hui ».

Retrouvailles à la Grange du Pin

Après avoir été un soir, « bluffé » par le Grand Jacky Chaud, Arnaud Colignon s’est mis en devoir de trouver des lieux où le faire tourner. D’où le concert de ce samedi à la Grange du Pin. « Val-Revermont avait accueilli mon Ode à Bashung et a encore répondu favorablement à notre proposition. Grand merci à la collectivité pour son effort de soutien à la culture. »

Ils assurera la première partie. Au programme, Brel bien sûr. « Quelques chansons à la guitare sèche, directes et épurées, plus deux slams »… et un trio avec les deux du GJC.

Le Grand Jacky Chaud
/Photo Bernard DUTHEIL

Conclusion : « Je suis tout content d’être là pour permettre humblement au Grand Jacky Chaud de jouer. C’est vraiment un très beau spectacle. Au-delà, il y a la rencontre avec Malho et Didier. Aller chez l’un, chez les l’autre, répéter et se retrouver dans un village du coin. Maintenant, c’est comme ça que je vois les choses ».

Le Grand Jacky Chaud. Samedi 5 juin à partir de 17h00 à la Grange du Pin de Cuisiat, à l’invitation de la commune de Val-Revermont. Concert gratuit, assis, masqué et distancié. Jauge limitée. Repli sous les halles du camping en cas de mauvais temps. https://www.facebook.com/legrandjackychaud/

    

Dark Mazy

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