Formé en 2010 à l’entrée de la seconde, Pepper Plane a conservé ses membres historiques et l’esprit des origines. Pas question de sacrifier cette insouciance potache sur l’autel du professionnalisme. Même si leur talent et leur cohésion de « vieux briscards » les positionnent en premiers de la classe, section stoner et psychédélique. La preuve, ce samedi 12 juin à la Tannerie de Bourg-en-Bresse.
Déjà ? Mais oui. Pepper Plane s’apprête à fêter sa 11ème année d’existence ! Étonnant pour des jeunots de 25 ans à peine dépassés. Encore plus incrédible, le groupe a conservé ses quatre membres historiques : Léo (chant, guitares), Théo (guitares), Lucas (batteur) et Fabio (basse). Tous amis de petite enfance et/ou de collège. « On a formé le groupe en entrant en seconde et on n’a jamais splitté » note Léo. Au contraire. En 2018, les quatre de Bresse-Revermont ont accueilli un cinquième élément : Clément, aux synthés, chant, tambourin.
Ascendance
Chargée. Dans la famille Aymonnier, celle de Léo, je voudrais le père, Laurent, guitariste de Bock de Joie, gang de chanson-rock festif qui mit le feu à l’orée des années 90. Comme par hasard, le batteur Pierrot Renard (Bock de Joie, Courant d’Eire) est le paternel de Lucas, et le bassiste Didier « Mesrine » Maisson celui de Fabio ! « Oui, on est des fils de. Nos parents se voyaient souvent. On se connaît depuis qu’on est grands comme ça. On a toujours baigné là-dedans ».
Références
Solides. Tous ont suivi écoles de musique et conservatoire, et pas pour rire. Chacun s’est ensuite affranchi. Léo est un gros fan des Beatles et d’AC/DC réunis. Théo va volontiers vers le métal et l’électro. Fabio, serait plus « mainstream », toujours à l’affût de nouveautés. Quant au très mélomane Lucas, il peut écouter « aussi bien Jacques Brel que les Psychotic Monks !»
Pa, Pa, Pa !? PePPer Plane !
Le jeu de mots pepper/paper fait penser aux Beatles/beetles, ces adeptes du calembour hâtif. Pepper Plane, entre Sergent Poivre et P(enny) lane ? Red Hot Chili Pepper et Jefferson Airplane ? Voilà qui dessine des horizons musicaux autrement plus puissants que le jet d’un bête avion de papier.
Oui, mais non. « Le jeu de mots, je n’y avais pas du tout pensé !» avoue Léo avec une honnêteté touchante. Au début, on s’appelait The Parabells, en référence à « Si vis pacem para bellum ». Sauf que Parabellum c’était déjà pris ! En fait, on cherchait un nom qui percute avec des «p » partout : « Pa, pa, pa ! » Un jour dans le bus n°3 qui va au lycée de Bourg, on a trouvé Pepper Plane ». Bien vu quand même.
In ingliche
Toujours. Parce que là encore, ça percute. « L’Anglais est plus chantant, plus direct. J’écris quelques poèmes en Français, mais je ne suis pas convaincu de la qualité. Il est dur de confronter ses écrits à l’excellence d’un Gainsbourg, de Noir Désir ou NTM !» reconnait Léo avec la même franchise.
Jeu collectif
Rock stoner, sonique, psychédélique, métal, post-rock orageux saupoudré d’un nuage de pop … Les cinq musiciens semblent avoir mis leurs influences dans un gros shaker pour les mixer en un cocktail énergisant, et surtout très cohérent. Le plus frappant chez Pepper Plane, c’est cette unité de vues, cette fluidité naturelle dans les compos comme sur scène. Forcément. Onze ans à jouer ensemble, ça aide !
Onze ans durant lesquels Pepper Plane a fait évoluer son jeu collectif. Chacun apporte sa touche. Mais tout le monde doit valider. « Faut pas croire. On n’est pas bras dessus, bras dessous. On s’insulte tous les jours ! Mais il n’y a pas de choses cachées. Un groupe d’amis, quoi !»
L’électricien et le musicien
Ils n’iront guère plus loin. Même s’ils ont le niveau, pas question de sacrifier leur insouciance potache sur l’autel (California) du professionnalisme. « En vivre, nous imposerait un rythme de production, sinon tu ne remplis pas le frigo !
On le voit avec Brainless (NDR : trio de dub formé par Léo, Théo et un autre pote, Shiva) dont la notoriété est plus grande. On pourrait peut-être passer pro. Mais on se heurte aux travers du monde de la musique, à une manière de fonctionner qui n’est pas la nôtre. Tu as la pression. Tu appelles le booker ou le manager pour savoir s’il t’a trouvé des dates. Pas de dates, pas de thunes. C’est comme faire l’électricien tous les jours. Je le sais : je suis électricien ! La musique, c’est autre chose. Un plaisir, une liberté. Pas un boulot. Au moins, avec Pepper Plane on fait notre truc tout seuls et on ne veut surtout pas changer ».
Aux plaisirs de Tannerie Plage
On a bien cru que ce serait perdu à jamais. Ce début d’été en pente douce, ce temps suspendu entre fin de saison en salles et festivals, ces instants privilégiés où l’on déguste sa mousse au crépuscule, posés paisibles, avec un petit concert à se mettre entre les oreilles… Ben si. La Tannerie de Bourg-en-Bresse relance l’opération Tannerie Plage et c’est pile comme on vient de dire.
Au programme
Jeudi 10 juin. The Kid Victrola Feedback Special. Trio de rock’n’roll psychédélique et de cosmic swing formé par le guitariste de Gloria.
Vendredi 11 juin. Sahra Algan. « la combattante », ex-infirmière de guerre, chantre du Somaliland (ex-Somalie britannique sur la corne de l’Afrique) « entre transe du blues touareg et groove de l’éthio-jazz » parait-il. On signe.
Samedi 12 juin. Pepper Plane donc. Pour leur grand retour à la maison, les stoners de Bresse ne joueront quasiment que les inédits d’un troisième album en gestation. Très attendus, évidemment.
Concerts à 19h00, en extérieur sur le parvis de la Tannerie. Entrée libre et gratuite, configuration assise. Jauge limitée, premiers arrivés, premiers assis. Et n’oubliez pas le masque pour vous déplacer ! https://www.la-tannerie.com/