Maintenir la fête de la musique parce qu’elle est un marqueur essentiel de la vie socio-culturelle ? Ou refuser de se prêter à pareille mascarade ? Le débat est ouvert, mais le 21 juin s’annonce encore bien tristouille cette année.
Et le 21 juin, c’est la, c’est la… FÊTE DE LA MUSIQUE ! Le 21 juin 2021, on fêterait même la 40ème de l’événement inventé par Jack Lang, ministre de la culture de François Mitterrand, ce qui ne nous rajeunit pas.
Lui voulait « faire se lever l’immense armée des musiciens amateurs, faire jouer ensemble bourgeois et ouvriers », célébrer l’arrivée de l’été dans une grande fête populaire, déclencher un élan spontané vers la culture pour tous… Parce que oui, pour ce doux illuminé, la culture était « force de vie », indissociable de la très sérieuse économie. « Trouvez la force de rire, vous trouverez la force de lutter contre l’inflation et le chômage ». Ça c’était il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine…
J’ai rêvé d’un autre monde
« La musique sera partout et le concert nulle part » prévoyait encore Jack le Jedi. Ou l’inverse. Pendant 39 ans, chaque solstice a vu déferler un tsunami de solistes, groupes « all style », associations, harmonies, écoles, chorales de ceci-cela, accordéons et cors de chasse, guitares électriques et flûte à bec. Partout et nulle part, à tous les coins de rue, sur toutes les places, dans tous les bars. Chacun désireux de partager un bout de son talent, fût-il modeste. Qui n’a jamais beuglé « J’ai rêvé d’un autre monde » en renversant sa pinte de bière, ne peut comprendre.
Pas plus de dix dans la rue !
Et puis, 2020, plus rien. Populaire, familiale et intergénérationnelle, la fête de la musique, par nature, implique la foule. A ce titre, elle est forcément incompatible avec les protocoles anti-covid. Tout le monde assis, masqué, distancié dans des lieux clairement identifiés, jauge à 65%, pass sanitaire pour rentrer dans les salles… Surtout, pas de zique dans la rue, et interdiction des rassemblements de plus de dix personnes ! Sur ce dernier point, on souhaite bon courage à la maréchaussée pour faire respecter les consignes gouvernementales…
Oui, mais quand même…
Même si les mesures de dernière minute (fin du couvre-feu de 23h00, autorisation concerts aux terrasses) ont un peu desserré le carcan, franchement, elle ressemble à quoi la fête de la musique dans ces conditions ? « A rien » répondent de nombreuses collectivités et organisations, qui ont préféré annuler ou différer les festivités. « Oui mais quand même » rétorquent d’autres en organisant leur affaire dans le respect des gestes barrières. Maintenir la fête de la musique même (co)vidée de sa substance, parce qu’elle est un marqueur essentiel de la vie socio-culturelle. Ou refuser de se prêter à pareille « mascarade » ? Le débat est ouvert.
En épluchant les agendas, le partage entre pour et contre semble assez équitable. Confiance. Il vous reste quelque chance de « rêver d’un autre monde ». Mais il s’annonce bien tristouille ce 21 juin.
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