Little Bob, le petit taureau furieux, l’Apache au blouson rouge, le hurleur mythique de la Story. 45 ans de rock’n’roll pur et dur, beaucoup de rides et de bleus à l’âme. Mais toujours ce blues qui le tient debout. Entretien avec un vrai warrior, avant le concert du 2 juillet, en ouverture du festival Swing sous les Étoiles de Miribel.
Mimie
« Deux choses m’importaient : ma femme et la musique. Le reste, je m’en fous. J’ai perdu ma Mimie en mars 2019 après un cancer mal soigné. On s’était rencontré en 86. La grande époque avec tous les excès… alcool, drogue et rock’n’roll ! C’est elle qui m’a sauvé la mise. Pendant 32 ans, elle a travaillé avec moi. C’est même elle qui conduisait le mini-bus ! On a vécu beaucoup d’aventures, on était tout le temps ensemble, beaucoup plus qu’un couple. Elle laisse un trou béant. Je ne peux pas la remplacer. Je n’ai rien touché à la maison. La bouffe, ça me dit plus rien et je n’ai plus envie de boire ! Les femmes, je ne les vois plus. Enfin… Ce n’est pas tout à fait vrai. Quand elles sont jolies, on les voit quand même !»
We Need Hope
Le dernier album de Little Bob sorti cette année. « Le 18ème en studio. Plus cinq live importants. Ça fait vingt-trois albums en quarante-cinq ans de musique professionnelle. C’est pas mal, non ? ».
Cri d’amour et de révolte
« We need hope, Parce que l’espoir, on en a bien besoin en ce moment ! Beaucoup de chansons parlent de ma Mimie. D’autres sont plus politisées. Pour moi, le monde libre est complètement vérolé par le capitalisme. Avec le Covid, on voit des gens qui se sont enrichis encore plus que d’habitude, pendant que d’autres se retrouvent au chômage ! Walls and barbed wires par exemple, ce sont les murs hérissés de barbelés que l’on monte pour empêcher les migrants de passer. Soi-disant qu’on n’a pas de place pour les accueillir, mais c’est faux ! Il y a surtout pas mal de racisme là-dedans ».
L’Italien
Little Bob n’oublie pas qu’il est né Roberto Piazza en 1945, fils d’un immigré italien, Libero Piazza, lui-même fils d’un anarchiste italien qui avait fui le régime de Mussolini. Pour eux, en écho à ses origines, il donne sa version rock et brûlante de l’hymne anti-fasciste Bella Ciao. Italien encore sur Il bello della vita, ode punky à la beauté de la vie. Italien toujours, lorsque ce fin connaisseur des choses du foot compare les mérites de la Squadra Azzura et des Bleus de France.
Blues Bastards
We Need Hope est plutôt d’humeur bleue. « J’aime beaucoup le blues. C’est le premier style qui m’a tapé au cœur ». Le blues et le rock’n’roll bien sûr. « Je mélange les deux. Je les bâtardise. Pour ça que le groupe se nomme Little Bob Blues Bastards. Même si ça ne plait pas trop aux Anglo-saxons. Pour eux, un bastard, c’est un salaud !»
L’équipe
A l’instar de ses onze fétiches, Little Bob considère les très offensifs Blues Bastards comme « une vraie équipe. On est cinq. On joue ensemble depuis longtemps, on se connait bien ». Soit les fidèles Gilles Mallet « le riffeur du rock’n’roll, le « Keith Richards français », à la guitare ; Bertrand Couloume à la contrebasse ; Nicolas Noël aux claviers, et Matthieu Poupard à la batterie. Opéré du cœur, l’harmoniciste Mickey Blow, ne sera pas à Swing Sous les Etoiles ce vendredi. Tous Havrais ou pas loin.
Le Havre
Pas forcément « de paix » mais la ville de cœur où Roberto Piazza a débarqué à l’âge de treize ans. Depuis, Little Bob y est devenu iconique. « L’autre maire du Havre » titrait récemment Paris-Match. L’intéressé rigole. « Edouard Philippe dit que je suis le totem de la ville !»
Lost Territories
Son meilleur souvenir ? Peut-être la tournée « américaine » de 93. A l’époque, tous les rockers avaient halluciné lorsqu’ils avaient découvert le backing band de Little Bob sur le Lost Territories Tour. La MJC de Bourg-en-Bresse avait ainsi accueilli, entre autres et excusez du peu, Steve Hunter, le guitariste de Lou Reed (période Berlin, Rock’n’roll Animal, la meilleure) ou d’Alice Cooper ; Tony Marsico, bassiste chez Dylan ou Neil Young ; Ou Kenny Margolis, l’accordéoniste de Mink de Ville ! « J’avais enregistré l’album à Los Angeles. Les sessions se sont super bien passées. Lorsque je leur ai proposé de venir en tournée avec moi, ils ont tous accepté ! Ça m’a filé le frisson et une bonne pêche pour jouer. On a donné quinze concerts en dix-sept jours, et on a fini au Marquee de Londres. On a tout donné !»
Que ça virevolte !
C’est reparti comme en 93. « Ça fait plus de deux ans qu’on n’a pas joué. On recommence juste et c’est exceptionnel ! L’âge avançant, je ne suis pas aussi énervé. Mais j’aime le swing, que ça tourne et que ça virevolte. On a beaucoup d’énergie. Tout le monde prend son pied. On n’est pas des gamins mais on s’amuse. Venez nombreux, on a besoin de vous. Vous verrez un groupe comme vous n’avez jamais vu !»
« Je fais tout ça pour Mimie. Quand elle est décédée, je n’ai pas eu le courage de me remettre à chanter. Tout le monde m’a poussé en me disant : « Tu crois que Mimie aurait accepté ?!» Je suis remonté sur scène pour ne pas me sentir tout seul. Je ne sais pas pour combien de temps, mais tout ce qui compte, c’est de continuer à jouer. Sans la musique, je ne suis plus rien »
Swing sous les Étoiles
Ce vendredi 2 juillet à Miribel, Little Bob Blues Bastard ouvrira la 19ème édition de Swing sous les Etoiles. La 18ème avait été annulée l’an dernier pour cause de Covid. « Il y avait une grosse demande du public, explique Didier Fontana, président de l’association organisatrice. On a décidé de repartir au combat en programmant un gros événement ».
Exact. De Little Bob, petit taureau du blues rock, à Kimberose fine fleur de la pop-soul, du pianiste rockabilly Matthew au funky Sainclair, jusqu’au gentil Cali, Swing sous les Etoiles affiche une programmation remarquable. D’autant que les premières parties ne sont pas là pour faire de la figuration. Ajoutez le bel écrin de la place de Miribel, sa Madone, son carillon, et vous obtenez un festival de qualité et de proximité. « Notre force, c’est l’éclectisme. On veut que chaque public s’y retrouve, conclut Didier Fontana. Nous sommes des passionnés proches du public. Notre objectif est de proposer un festival convivial, où les gens aiment se retrouver ».
L’affiche
Du 2 au 7 juillet sur la place de la Madone de Miribel. Concerts à 21h00. Festival en plein air, assis, masqué et distancié. Jauge limitée à 600 personnes. Donc, ni pass sanitaire, ni test PCR exigés à l’entrée.
Vendredi 2 juillet. Little Bob Blues Bastards + Knucle Head. Arriver bonne heure pour voir Knucle Head (oui, comme les Harley) terrifiant duo guitare/batterie de « fuzz cowboys », ridant à fond la caisse dans la dark country poussiéreuse du Far West sur fond de blue-rock, stoner, psychédélique et metal. 30€.
Samedi 3 juillet. Kimberose + Miss Machine. La tête d’affiche du festival, c’est elle. 38€.
Dimanche 4 Juillet. Cinéma à la tombée de la nuit. Bohemian Rapsody, film de Bryan Singer (2018). Freddy Mercury, grandeur et décadence de la rock star ultime.
Lundi 5 juillet. Matthew Lee + The Grizzly Family. Dans la veine kill’n’roll d’un autre Lee (Jerry Lee Lewis), un pianiste italien aussi spectaculaire que virtuose. Même recommandation pour la première partie chauffée par le rockabilly sauvage des Lyonnais de la Grizzly Family. 30€.
The Grizzly Family Sinclair Avinavita
Mardi 8 juillet. Sinclair + Elina Jones & The Fireflies. Le retour de notre petit Prince à nous. Soul/funk et chanteuse torride, dans la veine Janis Joplin,Tina Turner en ouverture. 38€.
Mercredi 9 juillet. Cali + Avinavita. Cali, on connaît. Avinavita, beaucoup moins et c’est dommage, tant le voyage au cœur des musiques traditionnelles italiennes mérite le déplacement. 38€.
Contacts, infos, billetterie. https://www.swing-sous-les-etoiles-miribel.com/index.php/le-festival.