Miossec : boire et s’émouvoir aux Musicales du parc des oiseaux

Ce lundi 30 août à Villars-les-Dombes, Miossec a relu son premier album et arrosé les 25 ans d’une œuvre magistrale dans un concert à émotion forte. Le poète rescapé vieillit à vue d’œil. Mais ses chansons n’ont pas pris une rayure et nous touchent toujours autant. L’inverse de cet éternel ado de Paul Personne…

Musicales 21 Miossec
Miossec toujours debout et cinq artistes de front pour un concert à émotion forte/Photo Marc DAZY

Immuable Barjo-Land

C’est incroyable, mais Paul Personne ne vieillit pas. Cet éternel adolescent a conservé la frêle silhouette et la chevelure ondulée de ses 18 ans. Le même regard fiévreux et le sourire timide que ce faux-cul arborait pour s’excuser d’être si talentueux, à l’époque où il jouait de la guitare au foyer du lycée, exprès pour faire son malin et pécho les gonzesses.

Musicales 21. Paul Personne
(Les) Paul Personne dans le grand blues/Photo Marc DAZY

Sa musique non plus n’a pas changé. Du blues gravé dans le rock, avec des riffs immuables et des solos interminables. Techniquement impeccable. Chaque morceau est de bravoure. Esthétiquement, c’est bien joli. Côté émotion en revanche, même si on hoche du chef et qu’on bat gentiment la mesure pour lui faire plaisir, force est de constater qu’il n’y a pas grand-chose. Ou plus Personne. Sauf quand (Les) Paul lâche enfin les chevaux sur Barjo-Land, son meilleur titre sorti en… 1984.

Toujours debout, tonnerre de Brest !

Miossec. Musicales 21
/Photo Marc DAZY

Miossec est l’inverse de Paul Personne. A se demander d’ailleurs pourquoi ce lundi 30 août, le programmateur des Musicales de Villars-les-Dombes les a réunis sur le même plateau. Sinon pour montrer les deux faces du portrait de Dorian Gray en une soirée diabolique.

Car Christophe Miossec vieillit à vue d’œil. Emacié, éreinté, malade, ce rescapé de toutes les déglingues porte dans sa chair ma chère, les coups de canif d’une existence de barreau de chaise. Mais il tient toujours debout, tonnerre de Brest !

C’est d’ailleurs dans cette posture altière qu’il se présente sur la scène des Musicales, accompagné par ses quatre musiciens. Dont une musicienne, la rayonnante violoniste/mandoliniste Mirabelle Gilis, sa muse depuis quelques années. Les cinq de front pour un concert à émotion forte.

Bancal et magique

« Je vous téléphone encore, ivre mort au matin, car aujourd’hui c’est la Saint-Valentin » Pas un hasard si le groupe ouvre le set avec Non, non, non (je ne suis plus saoul), l’accroche emblématique de son premier album, Boire. Lequel « arrose » ses 25 ans cette année. Pour l’occasion, Miossec a choisi de relire ce disque cardinal de la chanson française, en offrant la bien-nommée tournée Boire, écrire, s’enfuir.

Si besoin en était, le public indéfectible du poète se remet dans l’oreille ces drôles de comptines d’écorché, ces histoires d’amour qui finissent mal en général comme disait Rita. Ces petites chroniques à la fois cyniques, désabusées, désespérées mais tellement poignantes. Evoluer en 3ème division, Recouvrance, La fille à qui je pense… Va savoir pourquoi ces textes aussi bancals que leur auteur nous touchent au plus profond ? Magie.

Instants suspendus et avis de tempête

Côté musique, l’ambiance est d’abord au folk acoustique, dans l’esprit des débuts. Mais les enluminures de Mirabelle, le jeu subtil des instruments (violon, mandoline, guitares, basse, clavier, batterie), colorent l’austérité initiale et soulignent la beauté cachée des mélodies. Tout en s’accordant parfaitement au chant, disons imprévisible de l’interprète, qui de toute façon, n’a jamais été un vocaliste.

Miossec. Musicales 21.
Mirabelle et Christophe, duo magnifique/Photo Marc DAZY

Après, Miossec cesse de Boire pour picorer/picoler vingt-cinq ans d’une œuvre magistrale. Si vaste, si dense, que le fan regrettera quelques omissions. Perso, ce serait Les bières aujourd’hui s’ouvrent manuellement, ou la reprise de Salut les amoureux by Joe Dassin. Sinon, les quelque 500 chanceux (guère plus et c’est dommage) révisent et chantent les grands classiques (Brest, La facture d’électricité, La mélancolie…). Ils découvrent aussi sur scène des p’tits nouveaux cosignés avec Mirabelle Gilis. Instant suspendu sur le magnifique duo violon/voix de Tout ira bien.

L’atmosphère elle, devient plus électrique au fil des morceaux. Au final, le kick quasi techno des Rescapés (Nous sommes) nous emporte comme une tempête sur la pointe du Finistère. Le public debout ovationne à tout rompre. Miossec a encore vieilli d’une heure et demie. Ses chansons, elles, n’ont pas pris une rayure.              

Miossec Musicales 21.
Au final, le public est lui aussi debout. Un fan brandit le portrait de Miossec. A moins que ce ne soit celui de Dorian Gray…/Photo Marc DAZY

Les Musicales 2021

Jusqu’au 12 septembre au parc des oiseaux de Villars-les-Dombes. Concerts assis. Pass sanitaire obligatoire. Réservations, contacts : www.parcdesoiseaux.com

Dark Mazy

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