La douce transe d’Imany et de Voodoo Cello

Jeudi aux Musicales de Villars-les-Dombes, Imany et ses huit violoncelles ont offert un spectacle total à deux mille corps et âmes maraboutées.

Le plus beau concert de l’année ? Le plus singulier en tous cas. Le plus envoûtant sûrement. Car plus qu’un concert, c’est une cérémonie vaudou qu’a célébrée Imany ce jeudi aux Musicales du Parc des Oiseaux de Villars-les-Dombes. Que l’on se rassure : pas de volatile sacrifié, ni de possédés dansant sur les braises. Le vaudou selon Imany, c’est « voir autrement ».

Les visions hallucinantes de Voodoo Cello

« Je ne sais pas ce qui m’a pris » avoue la chanteuse. Etiquetée au rayon des soulwomen à voix grave, limite r’n’b, l’ancienne mannequin décide de casser son image de gravure de mode pour voir autrement, vraiment. A la faveur du confinement, la voici qui s’acoquine avec huit violoncellistes (cinq musiciennes, trois musiciens) pour revisiter des standards internationaux. Nom de code : Voodoo Cello, album tremblant sorti le 3 septembre, et spectacle total présenté pour la première fois ce jeudi aux Musicales.

Imany aux Musicales 2021
/Photo Marc DAZY

Il y a d’abord la mise en scène. D’immenses voiles blancs ceinturent le plateau dans un hallucinant jeu d’ombres et de lumières qui pose l’ambiance d’emblée. Très sombre sur les premiers morceaux, lorsque la grande prêtresse en toge noire, s’installe sur son trône. Puis elle ôte chapeau et voilette et revient en combinaison rouge sang, dans le rôle de la meneuse de revue.

Marabout de ficelle

La chorégraphie ensuite. Elle et ses violoncelles jouent, chantent et dansent dans un tourbillon bluffant. Tout paraît facile et ludique. Mais combien d’heures de travail a-t-il fallu pour atteindre ce niveau de perfection ? La reine du bal, c’est Imany bien sûr, liane ondulante au gré du rythme et du lâcher prise.

Imany aux Musicales 2021
/Photo Yannick CRAMET

La musique maintenant. Marabout de ficelle, Voodoo Cello chemine en blind test à travers les tubes de la variété. If you go away (Ne me quitte pas en Anglais), Wonderful life, Wild World… De Madonna à Elton John en passant par les Fugees, chacun s’amuse à décrypter le hit et dénicher l’interprète. Choix pertinent – citons Les Voleurs d’eau d’Henri Salvador, chanson qui n’a jamais semblé autant d’actualité – surprenant toujours. Lier par exemple Around the world des Daft Punk au Lac des cygnes de Tchaïkovski (au parc des oiseaux qui plus est…), faut oser !

Réincarnation

Imany aux Musicales 2021
/Photo Marc DAZY

L’interprétation enfin, ou plutôt l’incarnation, voire la réincarnation pour rester dans le vaudou. Le timbre grave d’Imany, la puissance de sa voix, sa présence magnétique, filent le frisson direct. Et puis ces violoncelles… Instruments à cordes, de percussions ou de bruitage, tantôt classiques, rock ou techno… Ces huit là sont capables de tout. « Sans trucages ni effets, précise Imany. Même les fausses notes, c’est nous qui les avons faites !» On n’a rien remarqué. Dans la nuit nuageuse du parc, le groove de feu de Voodoo Cello a embarqué dans sa douce transe deux mille corps et âmes maraboutés.

Les Musicales

Jusqu’au 12 septembre au parc des oiseaux de Villars-les-Dombes. Concerts assis. Pass sanitaire obligatoire. Réservations, contacts : www.parcdesoiseaux.com

Dark Mazy

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