Têtes Raides canal historique, a offert un concert de sa meilleure veine, ce vendredi au Château de Chazey, dans le cadre du Printemps de Pérouges. Pourquoi après une si longue absence, la convection est-elle toujours aussi naturelle ? Demandez à Ginette…
Les Têtes Raides font partie de ces gens évidents. Vous avez beau les perdre de vue pendant quinze ans. Quand vous les retrouvez, c’est comme si vous les aviez quittés la veille. Reconnexion instantanée, convection naturelle. On se donne des nouvelles, on se re-raconte nos vieilles histoires. On rigole des mêmes vannes et on se chauffe au même bois. Bref. On est bien ensemble, aussi bien qu’au premier jour. Cette sensation étrange n’a rien à voir avec de la nostalgie. Elle ne se partage que très rarement. Et ça, ça ne s’explique pas.

Connivence
Voilà en gros ce qu’a dû ressentir le petit millier de spectateurs réunis ce vendredi 17 septembre au château-forteresse de Chazey-sur-Ain, dans le cadre du Printemps de Pérouges. Lieu magique, site convivial, ni trop petit, ni trop grand, accueil bienveillant, météo idéale… Les circonstances se prêtaient aussi à la connivence.



Elle s’établit dès l’entrée en scène. Ambiance rouge électrique, En avant ! Christian, Anne-Gaëlle Grignette, Serge, Grégoire, Cali, Kropol, Lulu, plus Edith la p’tite dernière… Les huit soudés comme un pack de rugby. Ce chamboultou d’instruments, cette poésie surréaliste, ce mélange de flonflons, de punk-rock et d’harmonies qui vous emporte dans un mouvement de valse perpétuel. La griffe des Maîtres.


Puissance atomique
Depuis combien d’années n’avions nous vu ensemble Têtes Raides canal historique ? Une quinzaine, pas loin. Bien sûr le temps a passé. Moins de cheveux, plus de rides. Mais la puissance de ce groupe – objectivement, le meilleur de tous les temps avec Noir Dés’ – reste atomique.
Gino et Ginette

Des Bas Quartiers à Fragile, via Zygo(matique) ou Chamboultou, Têtes Raides relit ses classiques et parfois ceux des autres (J’voudrais pas crever de Boris Vian, Georgia, sublime poème de Philippe Soupault). S’insèrent des titres du prochain album Bing Bam Boum, comme s’ils faisaient naturellement partie du catalogue.


Le jeu de scène, lui, est beaucoup plus libre qu’à la grande époque. Christian Olivier blague à froid et chambre gentiment. Danse couramment et se masque d’une tête de mort gigantesque. Grégoire refait le guignol sur L’as-tu vu ? Tout le monde joue de bon (gratte) poil dans une euphorie communicative.

« Va-t’en, vieille putain, à la mie de pain… » La bascule, c’est Gino, quand le public reprend le refrain avant le chanteur. Et puis y a Ginette, la loupiote qui tournoie (mais comment ont-ils trouvé cet effet de génie !?), « Oooh, oh, oh, oh », les gens qui tanguent bras-dessus, bras-dessous, la banane entre les oreilles.

A bientôt !
Le plus beau vient au rappel. L’Iditenté qui devrait être sacrée hymne (anti) national, Saint-Vincent, belle à faire pleurer un merguezologue, et Au café d’la marine pour une dernière valse.

On se quitte un peu ivres, en se promettant de ne plus laisser passer quinze ans avant de se revoir. Ça tombe bien. Sur la lancée des Trente ans de Ginette, Têtes Raides entame la tournée de son nouvel album à compter de la semaine prochaine. Passage très attendu le 26 novembre à Ekinox, dans leur résidence secondaire de Bourg-en-Bresse. https://www.ainterexpo.com/
Bing Bang Boum. Têtes Raides le nouvel album. Sortie le 24 septembre. En précommande sur https://alaniche.fr
C est bien cette connivence qui m inquiète. Serais je déjà si vieux?
Mais non, Philippe, tu te fais du mal ! Cette connivence-là, disons complicité, n’a rien de datée.