Les Ogres, quatre frères et sœurs en mouvement permanent depuis 27 ans. Jamais deux fois le même concert, des projets en cascades et toujours sur la route. Entretien avec Mathilde Burguière, l’une des deux « ogresses », avant le passage à Belley ce samedi 25 octobre.
Les Ogres de Barback ont repris la route. C’est un soulagement pour vous ?
Oui, et pas que pour nous, le public nous le rend bien ! On a repris la route à la fin du printemps après un an et demi d’interruption. Les Ogres ne faisaient que ça depuis 25 ans. Ça a été un choc de tout arrêter en pleine tournée, d’annuler ou de reporter les dates. Là, il nous en reste une quinzaine avant de terminer cette tournée avec tous les copains.
La tournée des 25 ans ?
À la base, c’était la tournée de 25 ans, mais elle s’est un peu éternisée ! Aujourd’hui, c’est plutôt celle des 26 ou des 27 ans. Elle a commencé au printemps 2019 et se finira en décembre 2021.
Comment se passent les retrouvailles sous protocoles sanitaires ?
On ne sait pas trop, entre les salles assises, debout, les masques ou pas, le pass… C’est bizarre de faire ça. On est obligé, mais ce n’est pas l’esprit d’un concert. On n’est pas là pour faire la police ! Après, le besoin de se retrouver est le plus fort. On ressent ça. Les gens sont tellement contents… Ils ont envie d’être ensemble, de se parler.
Qui sont et que font les Ogres de Barback sur scène ?
On est une dizaine. Nous quatre, la fanfare béninoise Eyo’nlé qui nous accompagne depuis la tournée des 20 ans, un batteur (Tarek Maaroufi) et deux musiciens traditionnels à la cornemuse et au chant (Guillaume Lopez et Julien Barbances). On pioche dans chaque album. On refait les incontournables, des moins connus et des reprises. Mais on change à chaque fois ! C’est la surprise…
Chanter libre et fleurir. Rue de Panam’ donne une idée de la diversité et de la puissance scénique des Ogres. En live, ça commence en trad’ cornemuse/accordéon, pour finir en méga samba avec la fanfare Eyo’nlé, instruments déchaînés et poing levé. «Il n’y aura plus que la folie, la joie et l’anarchie !» Le morceau est extrait du double album live Chanter libre et fleurir (Irfan, le label). Mathilde : «On l’a enregistré pendant la pause forcée. C’est exactement ce qu’on joue en concert». Pour réviser les Ogres et se chauffer avant le set, pas mieux.
Vous vous souvenez de votre passage à Oyonnax en 2007, lorsque le maire avait dénoncé de votre part « une action de propagande politique contraire au principe de neutralité républicaine » ?
Oui, pour lui, la neutralité c’était aller dans le sens du parti de la Ville ! On lui avait répondu point par point. C’était une belle tribune. On n’a jamais eu autant d’articles de presse !
NDR : La polémique avait effectivement fait le tour des rédactions. Parfaitement argumentée, la réponse des Ogres taclait vertement la municipalité dans un style un rien ironique. En conclusion, elle conseillait au maire, par souci de cohérence, de « débaptiser le centre culturel Aragon pour lui substituer celui de Johnny Hallyday ou de Doc Gynéco»…
Vous venez également de sortir un album collectif, La Commune refleurira…
Coko, un chanteur spécialiste de la chanson d’époque, avait envie de faire un disque avec plein d’invités pour les 150 ans de la Commune de Paris. Il nous en a parlé. On a décidé de lui filer un coup de main. On a enregistré l’album là aussi pendant la pause forcée, et on l’a sorti sur notre label.
Un air de barricade. Les Ogres de Barback bien sûr, mais aussi et entre autres François Morel, Michèle Bernard, Christian Olivier, Francesca Soleville, HK, MeliSsmell, Mouss et Hakim ou Agnès Bihl. La Commune refleurira rassemble la fine fleur de la chanson française qui bouscule, toutes générations confondues. Chacun.e, revisite à sa façon ces airs de barricades, Chant de guerre parisien, Le Temps des Cerises ou de La Canaille, pour tisser un fil, rouge forcément, entre passé et présent.
Les Ogres ont toujours été engagés, manifestifs. Pour vous, la Commune résonne encore 150 ans après ?
« Manifestifs » est un beau mot… Oui, la Commune est à l’origine de nombreux mouvements sociaux, révolutionnaires, humains. Certaines idées qui ressurgissent, nous rappellent l’urgence de faire entendre nos voix. Il est important de chanter tout ça pour garder espoir, préserver ce qui nous tient à cœur, éduquer nos enfants…
Comment ça ? Les Ogres ne mangeraient plus les enfants !? Sans rire, vous formez une grande famille, sinon une véritable tribu itinérante…
Grande famille, c’est sûr ! On a entre deux et trois enfants chacun, chacune. Ils ont entre cinq et vingt ans. En tournée, on les emmène avec nous. Sinon, ils restent à la maison. Mais ce n’est pas trop pratique.
Vous n’emmenez plus votre Latcho Drom ? (NDR : «Bonne route» en tzigane. Le grand chapiteau de tournée des Ogres)
On a eu notre période chapiteau. Aujourd’hui on a repris le camion. Mais on aime bien l’idée d’avoir notre propre salle de concerts itinérante. On commence à en reparler…
Les quatre frères et sœurs Burguière sur la route et en concerts, toujours ensemble depuis 27 ans… Ça va ? Vous arrivez encore à vous supporter ?
Ben, ça va ! On arrive aussi à se foutre la paix ! Déjà, on n’habite pas du tout ensemble. On est éparpillés aux quatre coins de la France. Surtout, on change de projets à chaque fois. Chaque idée en amène une autre et on repart sur carrément autre chose. C’est pour ça qu’on est toujours ensemble.
Les Ogres de Barback. Samedi 23 octobre, 20h30. Intégral de Belley. 22/30/35€. https://www.lintegral.fr/ Tel : 04.79.42.31.88 (billetterie). 04 79 42 04 12 (accueil).