« Les chansons de Guy Béart comme à la maison » propose le trio Chanet, Monterrat, Prevel samedi 23, dimanche 24 octobre à la Ferme à Jazz de Bourg-en-Bresse. A l’heure du centenaire de la naissance de Brassens, il serait temps de réhabiliter ce poète intemporel, méconnu, sinon méprisé.
Ça fait un bout de temps que Guy Béart leur trotte par la tête à ces trois-là. Dominique Monterrat raconte sa première expédition au Théâtre de Bourg-en-Bresse, au mitan des années 70, en compagnie d’un certain Dominique Prevel. « J’avais réussi à passer un gros magnéto pour enregistrer le concert !» « Sauf qu’ils n’ont pas arrêté de chanter, ajoute Vincent Chanet. Sur la bande, on n’entend que Prevel !»
Sortir Béart des murs et des soirées de grand vent
Chanet, Monterrat, Prevel. Deux guitares et la contrebasse au milieu. Au moins 150 années de service à eux trois. Signe particulier : fous furieux de chanson, de jazz et de poésie. Près de cinq décennies après l’enregistrement pirate du Théâtre, ils proposent « Les chansons de Guy Béart comme à la maison », ce week-end à la Ferme à Jazz de Bourg.
Bizarrement, c’est la première fois que le trio se trouve ainsi réuni. « En dehors des soirées de grand vent !» précise Vincent Chanet. Lui et Dominique Prevel ont déjà interprété Guy Béart chacun de leur côté, chez l’habitant. Un hôte qui devait se retenir de les passer dehors, lorsque le tour de chant courait jusqu’au bout de la nuit ! « Cette fois, on a voulu le sortir des murs pour le présenter au public, en se limitant à deux heures, hors taxe !»
Auteur minuscule ou génie majuscule ? La vérité toute nue
Pourquoi Guy Béart ? Pour être franc, on est un peu passé à côté, considérant que sa plus belle œuvre reste sa fille Emmanuelle. Dans notre panthéon de la chanson, Béart fait figure d’auteur minuscule par rapport aux « B » majuscules, Brel/Brassens. Mineur, plus bas que terre, c’est d’ailleurs ainsi que l’avais traité Gainsbarre dans un mémorable numéro d’Apostrophes.
« Il est temps de créer un comité de soutien et de réhabilitation de Guy Béart !» plaisantent à peine ses trois défenseurs. Et de citer les éloges de ses pairs. Tel Francis Cabrel : « Des chansons qui se lisent, qui disent, qui nous émeuvent ou nous amusent. Une vraie science que possède Guy Béart ». Opinion partagée par Vigneault, Aznavour, Souchon… ou Brassens, qui pourtant ne le portait pas spécialement dans son cœur. « Georges Brassens, la pudeur incarnée, refusait d’aller chez lui, parce que Béart était tout le temps tout nu !»
Le naturiste avait aussi son carafon, un franc-parler doublé d’une langue de vipère, et un gros ego. Dans la France gaullienne des années 60, il a son rond de serviette à l’ORTF qui diffuse des émissions rien qu’à lui. « On l’a sans doute trop vu. C’est pour ça qu’il reste méconnu ! N’empêche que c’était un génie ».
Tendre, rentre-dedans et intemporel
La preuve samedi, dimanche en une trentaine de chansons. Pendant que Dominique Monterrat contrebat, Dominique Prevel et Vincent Chanet se partagent le répertoire. Les titres « plutôt tendres » pour l’un, « plus rentre-dedans » pour l’autre. L’eau vive, Le bal chez Temporel, Couleurs du temps… Mais aussi La Vérité, Le Grand Chambardement ou Rotatives, autant de pamphlets cinglants d’une actualité brûlante.
On redécouvre ces ritournelles qui tournent toutes seules, bien cachées dans leur tiroir à double fond. Même qu’on les connaît presque toutes et qu’elles nous reviennent naturellement. Ringard Guy Béart ? Carrément intemporel plutôt. Reste à convaincre au-delà du public de boomers . Mais on a connu des réhabilitations plus compliquées.
Les chansons de Guy Béart comme à la maison. Samedi 23 octobre 20h30, dimanche 24 octobre 15h00. Ferme à Jazz de Bourg. 10/8€. https://www.lafermeajazz.com/ Pass sanitaire exigé. Réservations : Vincent Chanet 06 83 00 89 97. chanetvincent030@gmail.com.