Le protocole sanitaire met les salles de concerts sous l’éteignoir jusqu’au 24 janvier, voire au-delà. Le spectre des reports et annulations en cascade plane à nouveau sur les programmations ! Petites lueurs dans ce puits sans fond, Ez3kiel publie son nouvel album; Tom Pao s’apprête à ouvrir sa Disquerie; et le Crock’n’Roll nous fait toujours autant rigoler !
Pass sanitaire, bientôt vaccinal, à l’entrée, masques obligatoires à l’intérieur, et tout le monde assis en salle comme au bar… Alors que les salles de concerts commençaient à frémir après une timide reprise d’automne, voilà qu’Omicron et sa batterie de mesures sanitaires reviennent étouffer la rentrée de janvier.
Une jauge réduite des deux tiers
Il y a d’abord le problème insoluble des contrôles pass et masques. Les salles de concerts ne disposent d’aucun pouvoir judiciaire en la matière, ce qui ne les empêche pas d’être responsables en cas d’infractions !
Mais c’est surtout la restriction de la jauge qui torpille l’affaire. Après avoir sué sang et eau pour reconstruire leurs programmations, voilà les salles de concerts contraintes de réduire le nombre d’entrées au tiers de leur capacité d’accueil. Exemples ? « De 399 à 133 » calcule Didier Goiffon le directeur de la Cave à Musique de Mâcon. « 250 places assises au lieu de 700 debout » pour Amandine Laurent, en charge de la communication et du mécénat au Moulin de Brainans. « On descend à une centaine en version cabaret » confirme Anne Huiton, la programmatrice de la Tannerie de Bourg-en-Bresse.
Reports et annulations à l’horizon
Bon, pour l’instant ça va, comme dirait le type qui dégringole du dixième. Les salles de concerts ont prévu de redémarrer en douceur jusqu’à la fin janvier. Comme l’interdiction de se tenir debout court en principe jusqu’au 24, voilà qui laisse de l’espoir pour les grosses dates de février, non ?
Ben non, pas trop. « Les autorités prévoient le pic de contamination fin janvier, rappelle Didier Goiffon. « Ce qui signifie que les directives pourraient être prolongées et qu’il y aura pas mal de reports et d’annulations ».
Sans l’annoncer officiellement, les salles de concerts commencent à prendre leurs dispositions. Exemples ? A la Cave, peu de chances de bouger son corps avec les Buttshakers le 29 janvier, ou à la soirée électro du 5 février. Les Belges de BRNS ne viendront sans doute pas au Moulin le 21 janvier, tandis que La Rue Ketanou (29 janvier) et Ez3kiel (4 février) sont plus qu’incertains. A titre indicatif, Ez3kiel vient de reporter ses trois dates de janvier…
A la Tannerie, sauf restrictions supplémentaires, Mathieu Gattuso (16 janvier) et Claude Bloch (Fin du bal, 30 janvier) pourront jouer en configuration assise. Mais quid de Rosa Crvx (5 février), l’une des têtes d’affiche du premier trimestre ? Sans rire, vous imaginez le show de l’apocalypse des guerriers du dark gothique devant un parterre de cent personnes sagement assises comme au salon de thé !? Non, ça ne tient pas debout.
Prenez vos places !
Les salles de concerts se retrouvent donc une nouvelle fois suspendues aux annonces ministérielles. « Prenez vos places ! conseille toutefois Amandine Laurent. Elles seront remboursées automatiquement en cas d’annulation et vous les aurez toujours à la date du concert ». Des raisons d’y croire ? Dans les pays où il a déjà sévi, le variant Omicron semble se tasser aussi vite qu’il a explosé. Et des mesures par trop punitives plomberaient la campagne présidentielle… A ce propos, les salles devraient réfléchir au moyen de transformer les concerts en meetings politiques. Là, ni jauges, ni pass. Cherchez l’erreur.
https://www.cavazik.org/; https://www.la-tannerie.com/; https://www.moulindebrainans.com/
La Disquerie de Tom Pao
Après avoir tourné plus de vingt ans au rayon disques/vidéo/multimédia d’une grande surface « culturelle », il a décidé de creuser son propre sillon. En mars prochain, Thomas Paoli ouvrira La Disquerie, rue Franche au centre-ville de Mâcon, magasin spécialisé dans l’achat/vente de vinyles neufs & occasion.
Distilleur de son
Tom Pao de son surnom, c’est un fou de musiques en général, de rock en particulier. La voix habitée de moult groupes mâconnais (Shakma, Orange Bud, The Soft Parade…), une oreille aussi curieuse qu’attentive. Le projet de disquaire indépendant, « distilleur de son » comme il rectifie joliment, lui trotte dans la tête depuis l’adolescence. Aujourd’hui, il fait « le grand pas » pour accomplir son « petit rêve ». Tom compte bien partager sa passion du bel objet noir avec les mélomanes de toutes générations, revenus du morne CD et du streaming sans âme. Les conseiller et les accompagner dans leurs chasses aux trésors.
L’aventurier ne part pas seul dans sa jungle de vinyle. La ville de Mâcon soucieuse de redynamiser le centre-ville lui loue le local, et loue le projet. Priorité aux artisans locaux pour l’aménagement. La Disquerie travaillera aussi en partenariat avec les salles de concerts mâconnaises, la Cave à Musique et le Crescent, pour la billetterie et la mise en avant d’artistes.
Financement participatif
Côté gros sous, le FISAC (Fond d’Intervention pour la Sauvegarde de l’Artisanat) lui a accordé une subvention à hauteur de 40% des frais de travaux pour l’aménagement du local. Pour le reste, Tom Pao a cassé sa tirelire et sollicité son banquier. Il lance également une campagne de financement participatif (crowdfunding) sur la plateforme Tudigo https://www.tudigo.co/don/la-disquerie. Soutenir une initiative aussi audacieuse qu’essentielle. On signe.
https://www.facebook.com/ladisqueriemacon/
Bref…
Annulations en série auTransbordeur de Villeurbanne. Tous les concerts debout prévus au Transbo en janvier sont reportés ou annulés. Dont Jok’Air, Fatals Picards, Accept ou Popa Chubby.
Kery James aussi. Lui, aurait pu rapper en configuration assise si l’un de ses musiciens n’avait contracté le Covid. Concert annulé ce vendredi 7 janvier au centre culturel Aragon d’Oyonnax.
L’alboum.
Ez3kiel. La mémoire du feu
De l’électro-dub à l’indus, via la valse pour poupées mécaniques, le trip-hop, la jungle, le rock métal, la berceuse ou le symphonique, tout cela sublimé par des images fantastiques. En presque trente ans d’existence, Ez3kiel a toujours pratiqué l’art du contrepied. Mais cette fois, c’est carrément un virage à 180° que prend le groupe Tourangeau.
Sexe, gun & bitcoins
Son fondateur, le bassiste et graphiste Yann Nguema, est parti pour se consacrer à ses créations visuelles. Mutation radicale. A la fusion images-musique, les deux historiques restants (Johan Guillon & Stéphane Babiaud) substituent l’association musique-littérature.
La mémoire du feu part ainsi d’une nouvelle écrite par l’auteur de polars (très) noirs Caryl Ferey. Elle raconte la cavale cauchemardesque de Diane et Duane, deux SDT (Sans Domicile ni Travail) traqués par les honorables Citoyens et leurs milices. Où il est question de sexe, gun & bitcoins, d’émeutes, de braquages et d’antivol de bagnole électrifié à 30 000 volts !
Le concept-album alterne pièces instrumentales, parties chantées et narration, inédites chez Ez3kiel. L’histoire de ce couple glamour et maudit rappelle celles de Melody Nelson ou de L’Homme à tête de chou et pas seulement pour le timbre gainbourien en diable du chanteur Benjamin Nérot/Duane, ou les femmes fatales Jessica Martin-Maresco/Diane et Olivia Nicosia la narratrice.
Mystère…
Musicalement, c’est du rock et de la chanson, de la pop et de la ballade beaucoup plus basiques que ce que proposait l’Ez3kiel d’avant. Pourtant, la forme un rien ésotérique et une certaine emphase font que l’on ne rentre pas dans le disque à la première écoute. Comme il n’existe encore à notre connaissance ni single, ni vidéo (un comble pour Ez3kiel !), difficile de prévoir ce que donnera La Mémoire du feu en live.
On aura le temps de découvrir. Par ici, la tournée passe au Moulin de Brainans (4 février), au Transbordeur de Villeurbanne (6 février), au Brise-Glace d’Annecy (25 mars) ou à la Tannerie de Bourg (26 mars). Virgin Records/Kika. http://www.ez3kiel.com/