Le tout jeune Poltergeist capte la lumière et frappe les esprits par la puissance de ses sets. Rencontre du troisième type avec le phénomène, avant le live du samedi 5 mars à la Cave à Musique de Mâcon.
« Il y a des acteurs qui prennent la lumière, et d’autres qui n’impriment pas la pellicule » disait Jean-Pierre Mocky. Pareil pour les musiciens. Entre ceux qui vous collent au mur et les autres, il existe un phénomène inexplicable. Appelez ça la classe, la force, les « good vibes » ou le mojo. A moins que ce ne soit l’esprit frappeur du Poltergeist…
Poltergeist, l’artiste, possède cet étrange pouvoir d’attraction. Dès qu’Ari Girard parait, il se passe quelque chose. Pas que ce môme de tout juste vingt ans en impose physiquement sous sa coupe de Peaky Blinder et son allure d’enfant sage. Mais il capte la lumière et frappe les esprits. Va savoir pourquoi.
Des millions de microsillons
Sa musique peut-être ? Ari semble avoir creusé des millions de microsillons pour les remixer à sa sauce électro. Dans son histoire de fantômes, il convie Joy Division, New Order, Talking Heads, The Cure, Can, Kraftwerk, Nine Inch Nails ou Jeff Mills. Au banquet des Poltergeist se croisent les corbeaux de la cold wave et les barbares du krautrock, les métallos du rock indus et les freaks de la techno. Entre autres.
Ich bin ein Berliner
L’épicentre, c’est Berlin. Le mur, le Gotham interlope de Lou Reed, la trilogie de Bowie/Eno, les nuits toxiques des clubs underground… Seul avec sa guitare et ses claviers/machines, Poltergeist suggère tout cela par la puissance d’un set d’une heure tiré à quatre épingles. Ambiance lourde et dark, ample et majestueuse comme du Wagner.
Pas un hasard si Ari parle allemand première langue dans ses titres et textes. « Pour les sonorités gutturales qui s’accordent à merveille avec l’électro, confie-t-il. Aussi pour toute la culture que la langue allemande inspire, dans la musique notamment, qu’elle soit savante ou électronique ».
Rigueur et émotion
Effet Poltergeist encore ? On ne peut qu’être frappé par la rigueur toute germanique, l’intensité et la carrure de ses performances eu égard à son jeune âge. « Ça vient sûrement de ma formation au Conservatoire » explique modestement le petit prodige.
Mais attention, un Poltergeist peut en cacher un autre. Il serait erroné de réduire la bête de scène à un animal à sang-froid, à un humanoïde pour transe martiale et désincarnée. « Non, c’est l’inverse. Ce qui imprègne, c’est le côté émotionnel, ce qui fait que l’on accroche ou pas. Et ça, ça ne s’apprend pas ».
Poltergeist + Bagarre (Club). Samedi 5 mars, 21h00. Cave à Musique de Mâcon. 14/7€. https://www.cavazik.org/
Poltergeist dige(i)st
Ari Girard. 20 ans depuis le 13 janvier. Chalonnais. Musicien. Auteur, compositeur, interprète. Montage vidéo, mixage, mastering. Famille électro. Artiste aujourd’hui connu sous le nom de Poltergeist.
Cursus. Costaud. Conservatoire de Chalon-sur-Saône dès l’âge de cinq ans. Neuf ans de violon classique avant de passer à la guitare électrique, son instrument de prédilection qui l’amène aux musiques électroniques. Diplômé du département Musiques Actuelles Amplifiées du Conservatoire.
Fou de musiques. Toute la musique qu’il aime, elle vient de là… Alors que ses parents sont plutôt punk et rock français, le petit Ari ne jure que par le jazz, le blues et le rythm’n’blues, « Ray Charles, Aretha Franklin, Sam Cooke… » L’électro vient à l’adolescence lorsqu’il se prend Prodigy en pleine face. Puis c’est le cheminement vers New Order, Talking Heads, Kaftwerk ou Rodolphe Burger, qui fonde son style identifiable entre mille. Même s’il est étiqueté « cold wave », l’étendue de sa culture musicale impressionne. Punk, post-punk, metal, pop, trip-hop, goth… ce fou de musiques ne s’interdit rien et donne le sentiment d’avoir tout écouté en si peu d’années. Jusqu’au classique de son enfance. « Je rêve d’un quatuor à cordes ».
L’équipe Poltergeist
« Impossible de sortir du lot sans une base pro ». Ari Girard peut compter sur le soutien d’une bande (très) organisée fédérée au sein de LaMif Booking, structure de diffusion, presse, promo, développement et merchandising. Directrice artistique : Lou Girard, sa sœur. Au management, Adrien Guitton, son beau-frère. Poltergeist est aussi une affaire de famille. Aux manettes, deux technos d’exception : LaFraise au son et Sébo à la lumière, deux ingénieux from LaPéniche.
LaPéniche. La Scène de Musiques Actuelles de Chalon, le lieu de résidence et la mère poule qui a pris Poltergeist sous son aile. Le fringant poulain est aussi accompagné par le Silex d’Auxerre, l’Atheneum de Dijon et par une coache scénique, Frédérique Piffaut. Avis général : très favorable. Bosseur, doué et volontaire, Ari s’est taillé une réputation de sérieux qui fait la différence auprès des institutionnels.
Trajectoire. Fusée. Mars 2020 : Création de Poltergeist. Septembre 2020 : premier concert au tremplin Novosonic. Décembre 2020 : sortie du premier EP cinq-titres This Never Existed. Février 2021 : sélectionné aux Inouïes du Printemps de Bourges. 19 mars : double single Angst Vor Dem Bösen/Black Sheep. Décembre 2021 : repérage aux Bars en Trans des Transmusicales de Rennes.
2022. Album dix titres prévu en juin, signature imminente sur un nouveau label et de belles surprises à venir, tant les professionnels de la profession commencent à s’intéresser au phénomène Poltergeist. Un gros festival de l’Est de la France y croit. Mais chut, on ne vous a rien dit !