The Smile, les deux têtes chercheuses de Radiohead et un batteur de jazz s’associent sur un album aux effets euphorisants. Aussi percutant que le Tambour Vision de Bertrand Belin…
Quelques touches de piano, une rythmique lancinante, une mélodie qui roule et s’enroule sur une vague de cordes et de cuivres. Et cette voix haut perché identifiable entre mille, à la fois fragile et prodigieuse. Thom Yorke, bien sûr, tête chercheuse de Radiohead, groupe phare de la scène pop, rock et électro des trente dernières années. Sauf que ce n’est pas Radiohead mais The Smile.
Donc Thom York, plus Jonny Greenwood à sa droite, guitariste multi-instrumentiste, compositeur arrangeur de Radiohead. Les deux associés au batteur de jazz Tom Skinner. Le trio né du confinement a eu la bonne idée de poursuivre l’aventure. Il vient de publier son premier album, A Light for Attractive Attention
Bel album, tout simplement
The same, chante The Smile en ouverture. Du pareil au même que Radiohead ? Un peu oui mais non. Certes, les fans du quintet d’Oxford se retrouvent en terrain connu, autant que ces champs musicaux sans frontières puissent être balisés.
La différence, c’est que Yorke & co délaissent les introspections torturées à écouter d’un air pénétré (soupir), pour offrir un bel album, tout simplement. Ici, le dépouillement d’une ballade folk le partage aux orchestrations somptueuses du London Contemporary Orchestra. Post-punk, gros funk et groove canaille… Des orages de chaleur déchirent les nuages d’altitude. Une basse à patte de velours joue à chat perché avec des guitares taquines dans un petit clip d’horreur lynchien.
Smiley
The Smile pourrait se disperser. Au contraire. A Light for Attractive Attention est cousu main par Nigel Godrich (le producteur sorcier de Radiohead, entre autres) qui en assure équilibre et densité. Le plaisir de jouer ensemble et la voix magnétique de Thom Yorke font le reste. On ressort des treize plages dans un état de douce euphorie, un large « smiley » entre les oreilles.
The Smile. A Light for Attractive Attention (XL Beggars). https://www.thesmiletheband.com/ En concert aux Nuits de Fourvière le mercredi 8 juin 21h00. https://www.nuitsdefourviere.com/billetterie
Bertrand Belin : vertiges de Bashung
Sur son septième opus, le beau bizarre de Quiberon a troqué sa guitare pour des synthétiseurs et computers (OK ?) enregistrés à la maison. Tambour Vision pour la percussion un peu martiale d’un ensemble « qu’à danser ». Mots tambours et percussion des textes énigmatiques, énoncés de sa belle voix nicotinée. Jusque dans ses mélodies d’orfèvre et ce détachement dandy, Bertrand Belin évoque irrésistiblement les vertiges de Bashung.
Bertrand Belin. Tambour Vision (Cinq7/Wagram). https://www.bertrandbelin.com/