21 juin 2020, fête de la musique ? Défaite de la musique, oui ! Un ersatz pathétique, révélateur de la détresse du spectacle vivant. Ses acteurs réclament une réouverture dans des conditions décentes, pour en finir avec les œufs de lump et les plaisirs solitaires.
C’est l’histoire d’un type un peu seul au soir du 21 juin. Il déguste une boîte d’œufs de lump, arrosés d’un verre d’eau pétillante. Après quoi, il se manœuvre un petit plaisir solitaire et s’exclame : « On a beau dire. Mais le caviar, le champagne et le sexe, y’a que ça de vrai !»
Voilà à quoi ressemble la fête de la musique ce 21 juin. A un cache-misère. Ici, un concert dans un Paris-Bercy désert. Là, le ministre de la culture qui appelle les musiciens à pousser une chanson de Sanson à leur balcon – de qui se moque-t-on !? Ou l’avatar de Jean-Michel Jarre en visio, des micro-réunions sans micros et des bouts de machins virtuels un peu partout. Tristesse.
Cri d’alarme pour un secteur sacrifié
Le pire, c’est que le régime aux œufs de lump va perdurer au moins jusqu’en septembre. Aussi vrai que le ministre de la culture a annoncé que « la fête de la musique aura bien lieu cette année », les salles de concerts ont officiellement le droit de rouvrir depuis le 2 juin. Autorisation assortie d’un protocole sanitaire et de règles de distanciation incompatibles avec la convivialité inhérente au spectacle vivant. Voilà pourquoi les professionnels de la profession préfèrent garder leurs maisons closes plutôt que de simuler le plaisir solitaire.
Salles, festivals, artistes, techniciens, attachés de presse… Tous réclament une réouverture dans des conditions décentes d’ici septembre. Dans de multiples appels et lettres ouvertes, ils alarment les pouvoirs publics sur la situation d’un secteur sacrifié. Au vu du bataillon de mesures annoncées, on se demande en effet qui se soucie encore de culture. Vous n’auriez pas un verre d’eau pétillante ?