Eiffel à Bourg : rock poétique, public apathique

Léo Ferré n’est pas mort. Il a troqué sa tignasse blanche pour des rouflaquettes noires. Mimiques de fou furieux, force d’écriture, poésie dans les veines… Ce Ferré, c’est Romain Humeau, le chanteur d’Eiffel, l’un des derniers groupes de rock français du monde.
/photo Marc DAZY

Vendredi, Ferré a ressuscité à Bourg-en-Bresse. Il est plus de 21 heures à la Tannerie. Le frontman donne le ton. On commence avec Place de mon cœur, version délicate. L’un des tubes de la bande.

Il y a du beau monde à la rythmique. Le batteur Nicolas Courret et Estelle, l’épouse de Romain, à la basse posent les bases.

Solide rythmique et belle paire de manches/Photos Marc DAZY

L’ambiance est noire. On ferme les yeux. Ça aide pour écouter les paroles. Et quelle poésie ! Avec sa voix rocailleuse, Romain Humeau déclame ses textes, jouent avec les bruits, tricote avec les mots, rugit, dégueule des râles de rockeur en rut.

Romain Humeau, classe rock et poésie/Photo Marc DAZY

Pogo is bien dead

Eiffel égrène les morceaux d’amour et de rage de son dernier album, Stupor machine : Hôtel Borgne, le très bon Cascade, N’aie rien à craindre, Big Data… On est mieux là que devant les Victoires de la musique. À tout moment la rue se pointe. Des gouttes de sueur perlent sur le front de Romain Humeau. Mais pas un poil de transpi dans la fosse remplie d’Ahuris, les « fans » du groupe Eiffel ainsi surnommés. Le public applaudit, danse. Un peu. Les fans se fanent. Une dame demande aux plus bavards de parler moins fort. Une tentative de pogo naît dans la fosse. Une dame dit qu’il ne faut pas pousser. Un autre spectateur, qui ressemble au méchant monsieur de la sécu calme les ardeurs des danseurs, en arguant qu’il a payé sa place. Toutes ces heures à affûter ses épaules pour rien. Ferré n’est pas mort. Le rock, par contre …

Vian en rappel

Un rappel et puis deux. Eiffel finit par se tailler, mais avant tout cela, on finit avec une chanson de « celui avec qui il aurait aimé être pote » : Boris Vian. Je voudrais pas crever est puissant. Bien posé avec un flow de trompettiste. La chanson tire les larmes. Elle est belle, et pleine de noir.

On finit calmement. Les Ahuris essoufflés rentrent bien vite. Une camomille et au lit.

Clément VILLAUME

Le souffle de Baptiste Ventadour

Pourtant ça partait fort question ambiance. La faute à Baptiste Ventadour. Tout minot, tout fluet dans sa salopette en jean, juste avec une douze cordes virtuose, des cymbales au pied et un souffle puissant dans le gosier, ce jeune folkeux malicieux a reçu l’ovation que sa première partie méritait. Comme quoi…

/Photo Marc DAZY

Dark Mazy

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