Frédéric François, Fredo pour les intimes, a donné son premier concert depuis deux ans aux Musicales du parc des oiseaux de Villars-les-Dombes. Boucle spatio-temporelle, bulle antalgique pour temps anxiogènes… Dark Mazy a osé l’immersion.
« Fre-do ! Fre-do ! » Lundi 6 septembre, 20h31, au parc des oiseaux de Villars-les-Dombes, et déjà les 750 spectatrices et spectateurs scandent le petit nom de leur idole sur l’air des lampions. De qui parle-t-on ? De Frédéric François aux Musicales, pour son premier concert depuis deux ans. Frédéric François… L’archétype du chanteur de charme pire que Tino Rossi et Julio Iglesias réunis. Une meringue méga-ringue aux yeux des babos en peau de chèvre et des rockers à poil dur des années 70/80. Même s’ils lui concédaient un avantage : celui de leur fournir du miel pour coller les filles pendant les slows.
Quel moustique a bien pu piquer Dark Mazy pour qu’il se fourre dans un rucher pareil !? Pari de beuverie ? Curiosité maladive ? Bouffée de nostalgie, ramollissement du cortex pour cause d’andropause ? La science s’interroge. Mais l’immersion méritait.
Le chant du Guépard
« Oh ! Comme il est encore beau !» s’extasie la fan qui m’accompagne. Peut-être parce qu’il parait tout de noir vêtu (encor… beau, noir… Vous l’avez ?) Vrai qu’il porte beau le Frédo. Droit comme un i, malgré le léger embonpoint qui sied à ses 71 ans. Sapé Milord, chevelure poivre et sel, œil de braise et sourire Gibbs. Classieux. Francesco Barracato (son nom) aurait pu camper un vieil aristo sicilien dans Le Guépard de Visconti.
La voix est toujours là. La mémoire et la justesse pas toujours, mais rien de grave. Le quintet (guitare, basse, batterie, claviers, accordéon) qui l’accompagne assure facile. Notez, vu que ça joue de la variét’ ordinaire à un rythme de sénateur, pas besoin de forcer son talent non plus. Le son est bon. Les lumières en mettent plein les mirettes et colorent de fantastique les arbres et l’étang du parc. Météo impec, pas trop de moustiques. On a connu pire.
Amour en vase clos
Le chanteur de charme incite à la béatitude. Frédéric François nous parle d’un monde qui n’existe pas. Un univers aseptisé complètement hors sol, hors d’âge, sans heurts ni malheurs, à part ceux du cœur. Une boucle spatio-temporelle où les mêmes chansons tournent à l’infini sur un thème unique : l’Amour. Pas l’amour tourmenté de ce souffreteux de Miossec vu et apprécié ici même la semaine précédente. Non, l’Amour courtois, distancié, suranné, où les relations conjugales se limitent à « dormir près de de toi », pendant que les parents de bonne famille, eux, roupillent sur leurs deux oreilles, rassurés par les bonnes manières de ce gendre idéal.
Plongée en eau tiède
Pas étonnant qu’en ces temps anxiogènes – peut-être plus encore que dans les années 70 – le public se love dans cette bulle antalgique. Celui du parc des oiseaux a réservé une belle ovation à son Fredo. Perso, ce filet d’eau tiède coule par une oreille et ressort par l’autre. Ah si. Tout à la fin, le guitariste qui devait avoir des fourmis dans les doigts, a lâché un bon gros solo de rock’n’roll. Un peu comme dans The Truman Show, quand Jim Carrey déchire le ciel factice pour s’évader.
Les Musicales
Jusqu’au 12 septembre au parc des oiseaux de Villars-les-Dombes. Concerts assis. Pass sanitaire obligatoire. Réservations, contacts : www.parcdesoiseaux.com